Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LA CANNE ET L’OMBRELLE

Avant notre pause estivale, voici un article de circonstance :)

La mode vestimentaire évolue plus ou moins lentement. Durant des décennies la canne, pour l’homme, et l’ombrelle, pour la femme, faisaient partie de « l’habit de ville » ou de l’ « habit du dimanche ». Le chapeau complétait le tout, pour monsieur comme pour madame.
Si le chapeau pour l’homme a résisté jusque dans les années 1960, il a été abandonné par la femme plus tôt, probablement durant l’entre-deux-guerres. Le fichu est cependant demeuré à sa place jusque dans les années 1970, voire plus tard encore, dans les campagnes et pour les femmes âgées.
Une femme ne montrait pas ses cheveux en public, elle ne sortait pas nue tête. Le fichu n’a cependant jamais disparu. Il n’est plus, du moins dans les populations occidentales, une marque de pudeur, un marqueur religieux, mais un accessoire vestimentaire esthétique.
La canne, elle, a disparu après la dernière guerre, sauf comme soutien de marche, pour les personnes âgées ou souffrant d’infirmités.
L’ombrelle féminine, quant à elle, a disparu durant l’entre-deux-guerres. La mode n’était plus au teint de lait et, peu à peu, la peau bronzée, caractérisant les classes populaires, s’est imposée comme marque de bonne santé tandis que la pâleur est devenue synonyme de maladie.

Voici deux illustrations de ces accessoires vestimentaires. Dans l’hebdomadaire « Le Monde illustré », n° 286, du 4 octobre 1862, on trouve cette gravure d’Honoré DAUMIER (1808-1879) illustrant un article intitulé « D’Alger à Blidah en chemin de fer ». Il n’est pas sûr que ce dessin ait été fait spécialement pour l’article en question, les bois gravés étant souvent réutilisés par les imprimeurs pour compléter un vide. Quoi qu’il en soit, Daumier nous montre un père de famille, sa femme et leur enfant désolés de voir leur train loin devant eux. « Trop tard ! » s’exclame le père. Ils ont raté leur train.
L’image nous intéresse car l’homme tient un chapeau d’une main, une canne de l’autre, tandis que son épouse, couverte par son chapeau, tient une ombrelle.

Les mêmes accessoires se retrouvent environ quarante ans plus tard sur cette carte postale humoristique du début du XXe siècle titrée : « ROBINSON. Où sont-ils ?… ». Il s’agit du dessin d’un âne assis devant lequel se trouvent un chapeau de femme et une ombrelle, ainsi qu’une canne sur laquelle est posé un chapeau.
Cette image fait allusion au transport des visiteurs sur des ânes, aux guinguettes de Plessis-Robinson, aménagées dans les bois depuis 1848. C’est en effet à cette date que Joseph Gueusquin installa des cabanes et des plates-formes dans les châtaigniers et qu’il baptisa sa buvette et son restaurant à l’enseigne du Grand Robinson.
Le tout-Paris s’y précipita et des personnalités illustres s’y rendirent jusque durant l’entre-deux-guerres. Il fallut même étendre la ligne de chemin de fer jusqu’à Robinson, car ce coin du Plessis était devenu une sorte de quartier avec un nom issu de la première guinguette.
L’âne de la carte postale s’interroge : « Où sont-ils ? ». Sa question renvoie probablement aux nombreuses chutes des visiteurs, popularisées par d’autres cartes postales avec des photos burlesques. Mais il n’est pas exclu que l’image renferme le dessin caché d’un couple batifolant, ce type de devinette étant très prisé à l’époque, mais nous n’avons pu le découvrir.

Chapeaux, canne et ombrelle, des accessoires de mode d’une autre époque…

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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