La Société des Artistes français, fondée en 1881, organise depuis 1901 deux expositions de peinture et de sculpture au Grand Palais. C’est ce qu’on appele le « Salon ». La revue « Lectures pour tous », en son numéro d’avril 1908 (p. 563-570), a consacré un article illustré à l’installation des 9300 oeuvres acheminées jusque-là et à la sélection opérée par le jury. Afin de savoir quels artistes seraient retenus et quelles oeuvres seraient exposées, le jury procédait de la manière suivante, avec des cannes :
« C’est la sonnette du président du jury, qui rappelle ses collègues. Avec les secrétaires qui le suivent, il a seul le droit de se tenir au pied du long chevalet devant lequel les gardiens disposent l’infinie ribambelle des tableaux. Maintenus à la distance d’un mètre par une barrière mobile, les autres membres se regroupent, discutent, se concertent, le chapeau sur la tête, frileusement emmitouflés dans leurs manteaux, car la chaleur du poêle ne se fait guère sentir dans l’immense salle.
Le président montre l’oeuvre, donne son opinion : « Voulez-vous voter, messieurs ? Qui est-ce qui en veut ? » Des cannes se lèvent, indiquant qu’on vote pour. Le secrétaire général compte les voix, c’est-à-dire les cannes en l’air. Pour être reçu il faut la moitié des voix plus une. La sentence est proclamée à haute voix : « Admis ! » « Refusé ! » ou « Révision ! ». Car, avec une conscience louable, le jury se ménage une révision suprême, après qu’il aura fait un premier choix. »
C’est ce que l’on voit par la photographie illustrant l’article.
L’article renferme une seconde photo où figure un gardien-chef dirigeant l’accrochage d’un tableau. Lui aussi lève sa canne, mais pas pour voter. Il indique aux installateurs à quelle hauteur l’oeuvre doit être placée.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci
[...] 6 juillet 2016 nous avons publié un article (Voter pour l’art en levant sa canne) sur l’usage des membres de la Société des Artistes Français, qui consistait à admettre [...]