Les manifestations violentes, les émeutes, les troubles révolutionnaires conduisent toujours le pouvoir à les réprimer pour assurer la protection des citoyens et défendre les institutions dont ils sont les représentants.
En février 1834, à Paris, sous le règne de Louis-Philippe, éclatèrent des troubles violents suite à la cherté de la vie, comme il s’en était régulièrement produit à Lyon et à Saint-Etienne depuis 1831.
Henri GISQUET, alors préfet de police de Paris, rapporte ces épisodes dans ses Mémoires publiés en 1840-1841. Réputé sévère, notamment lors de la répression de l’agitation survenue lors des obsèques du général Lamarque en 1832 (relire Les Misérables de Victor Hugo), il évoque cependant l’usage intempestif des bâtons dont étaient alors pourvus les policiers, et les sanctions qu’ils encoururent.
Voici quelques extraits de sa relation des «émeutes de février 1834, qui ne sont pas sans faire écho avec les évènements de 2018 et 2019 :
« Le 24, la situation devint plus menaçante. Les révolutionnaires étaient parvenus, à force d’instigations, à ameuter sur le boulevard Saint-Martin, à la place de la Bourse et dans les rues adjacentes, cinq ou six mille individus, dont la plupart étaient armés de bâtons et de poignards.
Dès le matin, un de leurs émissaires, monté sur une borne auprès de la porte Saint-Martin et entouré de nombreux compères, lisait à haute voix les écrits séditieux échappés à la verve républicaine (…)
Les sergents de ville arrêtèrent cet orateur et plusieurs autres individus ; mais des pierres lancées contre les agents de la force publique en atteignirent quelques-uns et blessèrent grièvement un officier de paix.
Malgré leur zèle et leur dévouement, les pauvres inspecteurs et sergents de ville ne pouvaient plus suffire à la répression du tumulte. Il fallut appeler une partie de la garnison et de la garde municipale ; je fis cerner la place de la Bourse ; mais sur ce point aussi les émeutiers voulurent se ruer sur les hommes de la police ; ceux-ci se défendirent énergiquement, et ils eurent même le tort de devenir agresseurs contre des groupes qui ne voulaient pas se disperser ; plusieurs personnes reçurent des coups de bâton donnés sans nécessité. Un officier de paix et cinq inspecteurs, auteurs de ces attaques, furent immédiatement révoqués par moi. »
L’actualité, version 1834…
L’illustration est un dessin de CHAM paru dans « Le Journal amusant » du 14 février 1863, parmi une série de 4 pages sur « Les Misérables de Victor Hugo, lus, médités, commentés et illustrés par Cham ». L’œuvre venait en effet de paraître.
Le dessin ici reproduit nous montre une charge de policiers armés de bâtons contre les manifestants, lors des obsèques du général Lamarque. Cham, ironiquement, légende son dessin : « Les argousins font de leur mieux pour faire pousser la bosse du bien sur la tête de ces misérables. »
Article rédigé par Laurent Bastard, merci