La canne compagnonnique est un objet emblématique et quasi sacré pour un compagnon du tour de France. Voici ce que rapporte le journal « Le Compagnonnage » n° 139 de mars 1931 à l’occasion de la cérémonie de réception d’un nommé Brouste, compagnon charpentier de l’Union Compagnonnique, à Bordeaux, le 24 décembre 1930. Il est accompagné d’un compagnon sculpteur sur bois.
« Le Pays Brouste, compagnon charpentier, désire porter la canne ; un ancien compagnon leur en fait la présentation par cette allocution :
Chers Pays, pour toujours, vous devenez comme nous Compagnons du tour de France. Que ce titre ne vous paraisse pas vulgaire, mais symbolique et cher. Nous vous le transmettons avec autant d’austérité que nous l’avons reçu. (…)
La longue canne que vous convoitez est l’emblème de Maître Jacques.
Munissez-vous de cet emblême d’Honneur et, confiants, partez avec elle sur le tour de France. Qu’elle vous paraisse majestueuse et sacrée et, plus tard, rentré au foyer, et que vos têtes auront blanchi, ornez vos murs de ce gage, le plus beau, qui fait la gloire du Compagnon ; et c’est en le contemplant que vous y verrez comme nous le souvenir de votre jeunesse et la récompense du Devoir accompli. »
Article proposé par Laurent Bastard. Merci
Le lien d’un compagnon avec sa canne eest très fort, mais il y a des circonstances qui l’obligent à s’en séparer. Il la remet alors à d’autres compagnons.
Voici ce qu’on peut lire dans le journal « Le Progrès compagnonnique » n° 26, du 1er mars 1912, p. 3. L’anecdote concerne la section de l’Union Compagnonnique de Fleurance (Gers) et la réunion du 9 décembre 1911 :
« Le Compagnon DELBAC, La Clef des Coeurs de Fleurance, compagnon passant plâtrier, devant quitter Fleurance, confie à la section sa canne, en disant que s’il quitte Fleurance, il ne quitte pas pour cela la section. Le trésorier recevra ses cotisations mensuellement. Car, dit-il, il a gardé de ses frères de Fleurance, qui lui ont donné la lumière, les meilleurs souvenirs. Le président remercie ce Compagnon au nom de la section, en lui souhaitant bonheur et prospérité dans sa nouvelle résidence et ses entreprises. »
L’anecdote est intéressante, car en laissant sa canne à Fleurance, le compagnon DELBAC laisse comme un gage de sa fidélité à sa section. C’est une partie de lui-même qui reste là, même si, physiquement, il est parti ailleurs.