Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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MORY FRERES, GRANDS FABRICANTS DE CANNES A METZ

Les rapports sur les expositions industrielles et commerciales du XIXe siècle permettent d’accéder à des informations sur les fabricants de cannes de différentes villes et d’être renseigné sur leurs spécialités. Il en est ainsi de la fabrique MORY frères, à Metz, qui a été fondée vers 1793 et qui était en plein essor à la fin des années 1820.

Via Google.livres on peut prendre connaissance de plusieurs rapports d’expositions sur ce fabricant.

Il en est ainsi du « Rapport de la commission chargée d’examiner les produits de l’industrie du département de la Moselle », par M. PONCELET, publié dans le bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de Metz (1823). L’exposition avait été présentée en l’hôtel de ville de Metz. On y lit (p. 152-153) :

« La fabrication des cannes, à Metz, n’a pas moins pris d’extension que celle de la brosserie, et forme une branche de commerce tout aussi importante. Cette fabrication emploie une centaines d’ouvriers qui produisent annuellement passé 600 mille cannes, dont la plupart sont en bois du pays, et s’exportent en Allemagne, en Suisse, en Belgique et jusqu’en Amérique : Paris en est le dépôt principal.

Il y a trente ans que MM. MORY et BARILLOT, pères, ont créé cette branche d’industrie, que leurs fils ont porté au plus haut degré de perfectionnement et d’extension.

Médaille de bronze, 1ère classe. MM. MORY frères, fabricants de cannes à Metz, ont présenté de nombreux échantillons de leur fabrique, qui se sont fait remarquer par la beauté du travail et du vernis, ainsi que par la manière parfaite avec laquelle ils imitent les cannes en bois exotiques. Tout ce qui a rapport à l’art se fait chez MM. MORY, sans le secours d’aucune autre industrie. Il n’y a que quatre années seulement que ces habiles fabricants ont porté leur fabrication de cannes à ce point de perfection, pour la qualité et le bas prix, qui leur fait repousser toute concurrence dans les pays où ils sont connus. Leur établissement occupe 50 ouvriers au-dedans, sans compter ceux du dehors, et produit annuellement plus de 400 mille cannes de toutes les espèces. La société leur vote une médaille de bronze de 1ère classe.

Médaille de bronze, 2e classe. M. BARILLOT, fabricant de cannes à Metz, occupe près de trente ouvriers dans son établissement, et verse annuellement 200 mille cannes dans le commerce. M. BARILLOT a suivi l’exemple de MM. MORY, en exposant de ses nombreux produits. La société lui vote une médaille de bronze de 2e classe, non parce que ces produits sont inférieurs à ceux de MM. MORY, mais parce que son établissement n’a point encore reçu les mêmes développements. »

Une deuxième exposition fut organisée en 1826 et donna lieu à un rapport de la commission de la société des lettres, sciences et arts de Metz, par M. J. ANSPACH. La maison MORY présentait à nouveau ses produits (p. 156-157) :

« MM. MORY frères, fabricants de cannes à Metz, ont obtenu en 1823 une médaille de bronze, 1ère classe. Depuis cette époque, ils ont non seulement perfectionné leur fabrication, mais ils l’ont encore augmentée de celle des crosses pour parapluies et ombrelles, dont plusieurs modèles sont sculptés avec goût. Tout ce qui concerne ces articles se confectionne dans leurs ateliers, où 50 ouvriers sont continuellement occupés. MM. MORY emploient aussi des ouvriers externes. Ils produisent au moins 200 sortes de cannes et annuellement plus de 400 mille pièces et 50 mille crosses de parapluies, pour lesquelles ils ont de nombreux débouchés à l’étranger et à Paris où ils ont un dépôt. Une médaille d’argent, 1ère classe, leur est décernée. »

Enfin, deux ans plus tard, une troisième exposition fut organisée à l’occasion du voyage du roi Charles X dans l’est de la France. Ce qui donna lieu à un « Rapport sur l’exposition des produits de l’industrie départementale de la Moselle provoquée par M. le vicomte de Suleau, préfet du département, à l’occasion du voyage du Roi, en 1828, rédigé par M. BERGERY, professeur en sciences appliquées de l’Ecole royale d’artillerie, secrétaire de l’Académie royale de Metz et Rapporteur de l’exposition. »

Voici ce qui y figure au chapitre « CANNES », p. 40-41.

« Rappel de médaille d’argent. MM. MORY frères, de Metz. On peut dire, sans craindre de trop s’avancer, qu’il n’existe point de fabrique de cannes qui puisse être comparée à celle de MM. MORY, pour le nombre de produits, leur belle exécution et la modicité des prix. Tout ce qui dépend de l’industrie de ces fabricants, crosses pour cannes et parapluies, pommeaux, bouts en cuivre et en fer, bustes, poignées et crossettes sculptées pour parapluies et ombrelles, etc., se fait dans leur établissement, sans aucun secours étranger.

Outre leurs produits ordinaires, MM. MORY ont exposé cette année plusieurs espèces de cannes à ligne pour la pêche, une chaise ployante et une queue de billard en cannes.

Cette extension de leurs travaux et la prospérité toujours croissante de leur important établissement les rendent dignes de la distinction la plus élevée. Ils avaient obtenu en 1823 une médaille de bronze, 1ère classe ; leurs rapides progrès leur firent décerner en 1826 une médaille d’argent, 1ère classe ; une médaille d’or pourrait seule aujourd’hui être offerte à des fabricants qui accroissent chaque année les richesses que leur industrie verse depuis 35 ans dans notre contrée. Ainsi le Jury regrette-t-il beaucoup que les bornes qui lui sont imposées ne lui permettent point de proposer MM. MORY pour la médaille d’or. »

On notera que cette entreprise ne faisait pas, comme l’on dirait aujourd’hui, de l’assemblage d’éléments issus d’autres ateliers, mais fabriquait ses cannes de A à Z. Elle étendait aussi sa production aux cannes à pêche, aux sièges pliants et aux queues de billard. A noter aussi l’emploi de bois locaux imitant les bois exotiques, la qualité des vernis, les pommeaux et crossettes sculptées. Enfin, on reste confondu devant les chiffres de la production de cette maison : 50 ouvriers produisaient annuellement 400 000 cannes de 200 modèles et 50 000 crosses de parapluies !

Curieusement, la maison MORY ne participe pas à l’exposition organisée le 1er mai 1834 dans les salles de la bibliothèque de Metz. Le Rapport rédigé par M. FAIVRE au nom de l’Académie royale de Metz ne mentionne qu’un seul et nouveau fabricant (p. 27-28) :

« CANNES ET PARAPLUIES.

Médaille de troisième classe. M. PEDUZZI-CAVALLO, de Metz. Sa fabrique de cannes et de parapluies ne date que de 1830, époque à laquelle cet industriel a commencé avec un seul ouvrier. Aujourd’hui il en occupe trente, et entretient des relations avec Paris, Lyon et l’étranger. Ces diverses considérations et la qualité, ainsi que le bas prix des objets qu’il a exposés, ont porté l’Académie à lui décerner une médaille de troisième classe. »

Un visiteur du site, un historien de Metz, saurait-il quand l’entreprise MORY a cessé son activité, où elle était installée et si des exemplaires de son énorme production ont été conservés ?

Article rédigé par Laurent Bastard, merci.

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