Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LA CANNE DU « THERAPEUTE » PAR MAGRITTE (1937)

Voilà une suite à l’article sur La canne du « Libérateur » par Magritte publié le 28 octobre 2013. Le peintre surréaliste René MAGRITTE est l’auteur en 1947 du tableau intitulé « Le Libérateur », mais, comme souvent en ce qui concerne ses oeuvres, il avait déjà réalisé d’autres versions de ce tableau.

En 1936, il avait peint à la gouache « Le Thérapeute ». Cette oeuvre présente d’évidentes ressemblances avec le « Libérateur », huile sur toile réalisée onze ans plus tard. On y retrouve un personnage assis, sans visage, coiffé d’un chapeau et appuyé sur une canne, qui a posé son bagage à ses pieds. Sa cape entrouverte comme le rideau d’un théâtre dévoile une scène insolite dans les deux cas. Mais au-delà de cette structure commune, ces oeuvres comportent maintes différences.

Dans le « Libérateur », l’arrière-plan est bâti tandis que dans le « Thérapeute », il s’agit d’une plaine. Dans un cas le personnage est assis sur une grosse pierre, dans un autre sur un talus herbeux. Le Libérateur a posé une valise à gauche, et le Thérapeute un sac de toile à droite. Dans le tableau de 1947, la cape ouverte dévoile un plan d’où se détachent les silhouettes d’autres oeuvres de Magritte ; dans l’oeuvre de 1936, c’est une cage qui nous permet de voir deux colombes qui n’ont nulle envie de s’échapper par la porte ouverte. La main droite du Libérateur tient en sceptre d’où apparaissent la bouche et les yeux de Schéhérazade, tandis que la main gauche du Thérapeute est cachée sous la cape.

Et la canne ? Elle diffère elle aussi. Le Libérateur la tient en main gauche (à droite, pour celui qui regarde le tableau) tandis que le Thérapeute la tient en main droite (à gauche, pour celui qui regarde le tableau). Dans un cas c’est une grosse canne de rotin, dans un autre une canne en bois grossier, laissant apparaître les nervures du bois.

Cette oeuvre se décline aussi sous la forme d’une photographie réalisée en 1937 par Magritte. Le figurant, couvert d’une cape, un chapeau sur la tête, un tableau devant lui, tient également une canne en main gauche. Il s’agit cette fois-ci d’une canne de ville ornée d’une bague blanche sous la poignée recourbée. Le titre de la photo est excessivement étrange : « Dieu le huitième jour »…

Qu’il s’agisse du « Libérateur » ou du « Thérapeute », l’oeuvre laisse place à toutes les interprétations possibles. Ce Thérapeute laisse-t-il s’exprimer l’âme du patient sans porter un regard ni un jugement sur lui, et lui permet-il ainsi de sortir de la cage du refoulement qui l’empêchait de s’épanouir ? Mais pourquoi est-ce un voyageur pourvu d’un sac grossier et d’une canne rustique ? A chacun de laisser parler son imagination…

Les deux images illustrant cet article sont extraites du « Petit atelier de Magritte », un livre pour enfants très bien conçu en 2009 par Raffaella Russo Ricci, à partir des collections du musée Magritte de Bruxelles.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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