Nous avons signalé l’emploi des baguettes utilisées autrefois par les boulangers, qu’ils entaillaient à chaque livraison de pain chez leurs clients, ceux-ci conservant une moitié du bâtonnet fendu et encoché. C’était un moyen de comptabiliser les quantités fournies à crédit. Lorsque la baguette (de bois, pas de pain) était complétement entaillée, il fallait payer, ou au moins à partir d’un certain nombre d’encoches. Ces bâtonnets s’appelaient des « coches ».

Nous avions illustré l’article La coche de boulanger par un détail d’une photo des années 1900, faute d’avoir sous les yeux de véritables baguettes. En effet, ces accessoires de peu de valeur ont la plupart du temps été brûlés lorsque les caisses enregistreuses ou les carnets pour ceux qui savaient lire et écrire, ont été mis en place et on n’en trouve presque plus.

C’est donc avec un grand plaisir que nous en avons découvert récemment au musée d’arts et traditions populaires aménagé dans l’ancienne abbaye de Bourgueil (Indre-et-Loire). Ces modestes baguettes, bien conservées, doivent être vieilles de trois quarts de siècle. Elles sont encore marquées du nom des clients.

Les photos illustrant cet article nous montrent l’ensemble des baguettes, le nom des clients et le cartel expliquant l’usage des bâtonnets où l’on peut lire :
« Ces bâtonnets servaient de « calepin » aux boulangers. On appelait cela des coches.
Les boulangers prenaient des brins de noisetier, brins fendus en deux, une partie restait au client et l’autre au boulanger.
A chaque livraison, le boulanger cochait les deux parties réunies, suivant la grosseur du pain ».

Si vos déplacements vous conduisent à Bourgueil, n’hésitez pas à visiter ce sympathique musée et l’ancienne abbaye du XVIIIe siècle (escalier magnifique). Et comme le pain ne va pas sans vin, les caves recèlent d’autres merveilles (à déguster avec modération, bien sûr)…

Article rédigé par Laurent Bastard, merci