Le thème du bâton, seul et fidèle compagnon de l’homme sur ses vieux jours, est récurrent dans la poésie. Nous l’avons déjà rencontré à plusieurs reprises dans cette rubrique.
En voici un autre exemple, découvert à l’occasion d’une recherche sur Google.books, dans un livre de l’abbé REYRE, publié à Paris en 1809 et intitulé : « Le Mentor des enfants et des adolescents ou Maximes, traits d’histoire et fables nouvelles en vers, propres à former l’esprit et le coeur de la jeunesse. »
LE VIEILLARD ET SON BATON
Confiné dans la solitude,
Abandonné des siens, rongé d’inquiétude,
Et par quelque distraction,
Voulant à chaque fois faire diversion,
Un vieillard dit à son bâton :
O toi qui fus toujours mon compagnon fidèle !
Viens, viens m’aider à faire une course nouvelle.
Si tu ne me soutenais pas,
Je risquerais, à chaque pas,
De faire quelque lourde chute.
Mais je suis assuré que tu me soutiendras.
De me servir bientôt tous les autres sont las ;
La moindre peine les rebute.
Mais sans te rebuter de rien,
Tu m’aides constamment, tu me sers de soutien ;
Oh ! que je suis heureux d’avoir ton assistance !
Sans toi, je n’aurais plus d’appui ;
Car, quoiqu’on se pique aujourd’hui
D’humanité, de bienfaisance,
En me laissant dans l’abandon,
Tous les jours on me fait comprendre,
Qu’un vieillard doit bien moins attendre
Des hommes que de son bâton.
Le vieux bonhomme avait raison,
Et sa plainte pour nous doit être une leçon.
Puisse-t-elle du moins apprendre à la jeunesse
Que, par devoir autant que par compassion,
Elle doit aux vieillards, en toute occasion,
Servir de bâton de vieillesse !
Article proposé par Laurent Bastard. Merci
[...] et le bâton, et nous avons déjà donné plusieurs oeuvres sur ce sujet : de l’abbé Reyre (Le vieillard et son bâton), de Bressier (Le bâton du vieillard), d’André Theuriet (La canne du grand-père), de [...]