Le romancier, poète et journaliste Alphonse KARR, né à Paris en 1808 et mort à Saint-Raphaël en 1890, n’a plus aujourd’hui le succès qu’il connut de son vivant, mais il a encore sa place dans la littérature du XIXe siècle.
Mais sait-on qu’il fut aussi un bâtonniste réputé ? C’est ce que nous apprend Eugène CHAPUS, dans son livre « Le Sport à Paris », publié chez Hachette en 1854. Cet auteur consacre son intéressant chapitre XX (pages 102 à 108) à « La boxe française, le bâton et la canne ». On pourra le lire en version numérisée sur le site www.books.google.fr
Voici l’extrait qui concerne l’écrivain :
« Alphonse Karr, lui, est l’un des favorisés du bâton. Il est infatigable à cet exercice, auquel sa musculature d’Hercule Farnèse est merveilleusement appropriée. Dernièrement, un de nos amis communs s’étonnait en le voyant se livrer à toute la furie et à toute la fantaisie de son jeu. « Comment, disait-il, vous êtes un aussi célèbre bâtonniste, et je l’ignorais ! -Oui, lui répondit Karr, et à votre étonnement je vois que vous n’avez pas eu jusqu’ici pour moi tout le respect que vous me deviez. »
Chapus cite aussi Auguste Lireux « le spirituel feuilletonniste du Constitutionnel, (qui) manie la canne avec une grande dextérité ; il paraît avoir longuement médité sur cet aphorisme de Chamfort : « Un homme d’esprit est perdu s’il ne joint pas à l’esprit l’énergie du caractère ; quand on a la lanterne de Diogène, il faut avoir son bâton. »
Chapus donne le nom des plus célèbres maîtres de bâton et de canne de son temps : Hubert LECOUR, salle du passage des Panoramas et rue de Tournon ; LOZES ; LEBOUCHER, rue de Choiseul ; VIGNERON ; GUERINEAU ; BLANC ; BOUTOT ; BURDIN ; JACON ; FOUCART ; PERSON ; BOURSAULT, lesquels se produisaient dans les salles de la rue Montesquieu, de Dourlan, boulevard Bezon, aux Batignolles et au boulevard du Montparnasse.
LECOUR, le meilleur d’entre eux, parvenait à donner 82 coups de canne en 15 secondes !
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci