Le passage de l’enfance à l’âge adulte s’est toujours traduit par l’appropriation de pratiques et de codes vestimentaires propres aux « grandes personnes ».
Il fut un temps pas si lointain où l’enfant devenait un « grand » quand il cessait de porter des shorts pour adopter les pantalons. C’était (c’est) aussi le temps de la première cigarette et de la première « cuite », des poils au menton et des brins de moustache, de l’éveil de la sexualité, de la voix qui mue et des boutons d’acné.

Au XIXe siècle, les collégiens portaient l’uniforme et aspiraient à devenir des hommes en leur empruntant leurs attributs. Les trois gravures nous montrent que parmi ceux-là figuraient le cigare et les boissons alcoolisées, ainsi que la canne et la queue de billard (et le jeu, bien entendu).

Ces images sont titrées « Il n’y a plus d’Enfants ». Elles sont extraites de l’ « Album du plaisir, Almanach charivarique drôlatique, comique, hippique et cynégétique pour 1862″, pages 82-83.
La première, où l’on voit un garçon pointant sa queue de billard sur une boule, est légendée par ces mots : « Barthelemy, Lucien, Paysan, Désiré ne sont que de la Saint-Jean auprès de lui… au billard. Il aurait rendu des points à… feu Billard lui-même. » (légende énigmatique qui doit faire allusion à des contemporains).

La seconde nous montre deux garçons fumant un cigare « Au café des 1000 colonnes, le jeudi » (jour où il n’y avait pas classe). L’un tient une queue de billard et s’adresse à un garçon de café en lui disant : « -Garçon, donnez-nous de la vieille, et qu’elle soit dure. N’oubliez pas la Gazette des Plaisirs. »

Avec la dernière, on voit un collégien s’apprêtant à sortir. Il se regarde dans une glace et se demande : « Mettrai-je un col rabattu ou laisserai-je mon col droit ?… Décidément, j’aime mieux le col droit. » Et le garçon adopte aussi un élément vestimentaire d’homme adulte : la canne, très longue, ici, comme pour faire ressortir le ridicule de la situation.Article rédigé par Laurent Bastard. Merci