Dans son article sur Madame de Sévigné parle de bâton, Frédéric Morin nous a conté comment, en 1676, la Brinvilliers avait voulu se suicider avec un bâton et pourquoi son acte avait échoué. Bien plus tard, en 1804, avec un bâton aussi, le général Charles Pichegru parvint à ses fins. C’est du mois la version officielle qui fut donnée après la découverte de son corps, dans la cellule où il était détenu.
Pichegru (1761-1804) avait vaillamment combattu dans les armées de la République quand il trahit en se mêlant au complot de Cadoudal et en traitant avec les émigrés. Il fut aussitôt incarcéré.
Voici ce que rapporte P. LANFREY dans son « Histoire de Napoléon », t. III, (1869), p. 140, en reproduit l’article publié le 6 avril 1804 dans le journal Le Moniteur :
« Le 5 avril, vers onze heures du soir, Pichegru ayant pris un fort bon repas, se coucha vers minuit. Le garçon de chambre qui le servait s’étant retiré, Pichegru tire de dessous son chevet, où il l’avait placée, une cravate de soie noire dont il s’enlace le cou. Une branche de fagot qu’il avait mise en réserve lui aide alors à exécuter son projet de suicide. Il introduit ce bâton dans le les deux bouts de sa cravate assujetis par un noeud. Il tourne ce petit bâton près des parties glandulaires du cou autant de fois qu’il est nécessaire de le faire pour clore les vaisseaux aériens ; près de perdre la respiration, il arrête le bâton derrière son oreille et se couche sur cette même oreille pour empêcher le bâton de se relâcher. Pichegru, naturellement replet, sanguin, suffoqué par les aliments qu’il vient de prendre et par la forte pression qu’il éprouve, expire pendant la nuit. »
Cette version laissa dubitatifs bien des lecteurs et l’on dit qu’il s’agissait d’un meurtre maquillé en suicide (un de plus !) commandité par Bonaparte et accompli par des mameluks ramenés d’Egypte…
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci