A propos du bâton blanc des policiers (voir l’article : Le bâton blanc des agents de la paix), nous avions donné un extrait de la chanson satirique « La gavotte des bâtons blancs », créée en 1948 sur des paroles de Jean GUIGO et une musique de Jacques BREUX.
Cette chanson, interprétée par les Frères Jacques, fut « censurée en 1950 pour manque de respect envers la police », selon le site RTS.ch (par qui et sur quelles ondes, le site ne le dit pas).
Ce qui est sûr, c’est que tous les sites qui donnent les paroles de cette chanson diffèrent en quelques points du feuillet « officiel » avec partition, que nous reproduisons ici, édité en 1948 par la Société d’Editions Musicales Internationales (S.E.M.I.) à Paris-8e, 5, rue Lincoln. Peut-être fut-elle remaniée par les Frères Jacques au fil de leurs représentations.
Voici donc le texte originel :
LA GAVOTTE DES BATONS BLANCS
1.La nuit s’étend,
L’ombre descend… C’est pas du tout rassurant (hou… hou…)
Houlà ! mon Dieu !
Un cri affreux
Vous fait dresser les cheveux (au secours !)
Un long frisson vous s’coue les nerfs,
Il y a du crime dans l’air,
Il rôd’ des ombres d’assassins,
L’étrangleur n’est sûr’ment pas loin…
Mais nous les Agents de la Circulation,
On entend ça… Sans émotion,
Les champions du Petit Bâton Blanc, c’est nous…
Les assassins, C’est pas pour nous…
On peut étriper incendier ou voler,
Notre consign’ c’est d’pas bouger !
On fait un effort parc’qu’on est courageux,
Pour n’pas voir ça, on ferm’ les yeux…
Si on s’écoutait,
Bien sûr, on bondirait…
Mais, sans nous, voitures et piétons,
Qu’est-c’ qu’ils feraient ?
Tout s’emmêlerait,
Se télescoperait,
Vous seriez bien avancés après…
Non… Non, nous les champions du Petit Bâton Blanc,
Y n’faut rien voir… ou fair’ semblant,
Si vous trouvez qu’il y’a trop d’crim’s dans l’quartier…
Adressez-vous au Brigadier.
2.Hep !… le vélo !… Hé là ! … l’auto !…
Alors !… on grill’les signaux ?…
Protestation ? Contravention !
Prochain’fois, f’rez attention !…
Il fait un froid frigorifiant,
A pas mettr’ dehors un agent,
Quand on pens’ qu’y en a qui sont d’dans,
Et qui boiv’nt des bons grogs bouillants…
Pendant ce temps-là, nous, il faut nous prom’ner,
La goutte au nez,
Ratatinés…
Dans les chaussur’s noir’s nos tout petits petons,
Pauvres mignons !…
Font des glaçons !…
Et comm’ le froid rend les gens d’mauvaise humeur,
Tous les quarts d’heur’,
Un conducteur,
Nous trait’ de fripouill’ de vendu, d’abruti,
De vieux débris…
Et j’en oublie !…
Comme on est très doux,
On n’répond rien du tout :
Il faut se méfier, ça part si vite un mauvais coup !
Sur notre cal’pin
D’une tremblante main
On relève le nom du pékin…
Puis on r’met en marche son Petit Bâton Blanc,
En se disant :
« Plus que vingt ans »,
Et à la retraite, on pourra, comm’ piétons,
Traiter les flics de tous les noms !…
Article rédigé par Laurent Bastard, merci