La Grande Guerre a été une effroyable dévoreuse d’hommes : 1,4 million de combattants français y perdirent la vie. Mais il y eut aussi 300 000 mutilés et amputés.
Le retour à la vie civile fut difficile et douloureux. Les gestes simples d’ « avant » devinrent pénibles, voire impossibles. Ceux qui pouvaient encore à peu près marcher, s’aidèrent d’une canne ordinaire ou de béquilles selon l’ampleur de leur mutilation ou de leurs blessures si elles avaient affectés des centres moteurs.
Si la chirurgie fit des progrès en ce domaine par la force des choses, il en fut de même des types de prothèses, mais les progrès furent lents. On restitua aux amputés de la jambe l’usage de la marche à l’aide du traditionnel cuissard à pilon, où s’emboîtait le moignon de la personne et qui était maintenu au corps par un ensemble de ceintures ou un baudrier.
Durant la guerre, une partie des blessés furent employés dans des centres de rééducation, où ils fabricaient des articles en cuir et des prothèses pour leurs camarades. La carte-photo illustrant cet article, non localisée ni datée, pourrait avoir été prise dans l’un de ces centres. Ces soldats mutilés fabriquent et réparent des chaussures (certains en tiennent, d’autres utilisent la courroie de cuir appelée « tire-pied », d’autres protègent leurs paumes avec une « manique »). Ils ont appuyé sur leur établi leurs cuissards à pilon et déposé à terre leurs béquilles.
Durant et après la guerre, des fabricants de cannes ont-ils réorienté leur production vers ces accessoires de marche ? Nous manquons de documentation sur ce sujet et les contributions des lecteurs seront les bienvenues. Les encarts publicitaires parus dans les journaux et les revues de l’après-guerre, permettraient de savoir si ce sont ces fabricants ou au contraire d’autres artisans, dont ceux du cuir (bourreliers), qui se sont engouffrés dans ce nouveau « marché » dont les « clients » se seraient bien passé…
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci