A travers les siècles se perpétuent des légendes faisant état de pratiques rituelles ou magiques. Il en est ainsi de l’imposition d’un bâton sur un mort pour le ressusciter. Nous l’avons vu dans l’article du 15-2-2011 : Le bâton d’Elisée ne peut ressusciter un enfant mort.
Voici un autre récit sur ce thème, rapporté notamment par X. BOYER dans son « Histoire d’Alsace depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours » (1862), tome I, p. 480-481.

Saint Materne et ses deux compagnons Euchaire et Valère, furent désignés par saint Pierre pour évangéliser les provinces germaniques des bords du Rhin. Ils y accomplirent des miracles, convertirent beaucoup d’habitants mais les efforts étaient intenses et saint Materne en fut malade et mourut.
Il est alors inhumé et ses deux compagnons rentrent à Rome auprès de saint Pierre, qui leur dit : « Prenez mon bâton pastoral et retournez, de suite, à l’endroit où vous avez enterré votre saint compagnon ; placez ce bâton dans ses mains et dites-lui : « Frère Materne, S. Pierre l’apôtre t’ordonne, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, de te relever et d’achever l’oeuvre qu’il t’a confiée. »
Les deux disciples, ayant reçu de S. pierre son bâton pastoral et ses bénédictions, le quittèrent, pleins de joie et d’espérance, et revinrent, en quinze jours (d’autres disent en quarante) de Rome en Alsace. Là, ils assemblèrent les fidèles, leur montrèrent le bâton sacré et leur racontèrent ce que leur avait ordonné S. Pierre.
Suivis de tous ceux que le saint avait fait chrétiens, ils se rendirent à son tombeau : là vinrent aussi quelques payens de Strasbourg, par pure curiosité, seulement pour voir comment la chose se passerait.
Lorsqu’ils furent tous arrivés devant la fosse, Euchaire et Valère ouvrirent le cercueil et trouvèrent le corps intact et sans aucune odeur de putréfaction ou de corruption ; ils déposèrent, entre les mains du mort, le bâton de S. Pierre. Aussitôt, S. Materne ouvrit les yeux, se leva et sortit de la tombe. La foule poussa un cri d’admiration et de joie et tous louèrent Dieu de ce miracle. »

La première mention de ce miracle est rapportée bien plus tard, en 980. Selon la tradition, le bâton de saint Pierre fut conservé à Cologne jusqu’au Xe siècle. Sa partie supérieure fut alors emmenée à Trèves et le reste transporté à Pragues au XIVe siècle.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci