Les sanctions par coups de bâton sont parmi les plus courantes sous toutes les latitudes. Nous écrivons au présent, car elles subsistent dans maints Etats, où elles sont « légales ». Hélas…
Il en était ainsi en Corée et ce qui suit est extrait de l’ouvrage d’Adrien LAUNAY, de la Société des missions étrangères : « La Corée et les missionnaires français, introduction sur le pays, les mœurs et les coutumes » (1901), p. 50-52.
« La règle, les verges et les bâtons (ieng-tsang). – La règle est une planchette longue de trois pieds, large de deux pouces, ayant quelques lignes seulement d’épaisseur, avec laquelle on frappe le patient sur le devant de la jambe. Le chiffre ordinaire des coups est fixé à trente par interrogatoire, et comme l’exécuteur doit à chaque coup casser la règle, il y en a toujours trente de préparées pour chaque accusé.
Les verges sont entrelacées trois ou quatre ensemble, et forment des cordes avec lesquelles on fustige le patient, mis à nu, sur tous les membres.
Les bâtons sont de la taille d’un homme et plus gros que le bras. quatre valets, entourant l’accusé, le frappent tous à la fois de la pointe dans les hanches et sur les cuisses.
La dislocation et la courbure des os (tsouroi-tsil). – On en distingue trois espèces. Le kasai-tsouroi consiste à lier fortement ensemble les deux genoux et les gros doigts des deux pieds et à passer dans l’intervalle deux bâtons que l’on tire en sens contraire jusqu’à ce que les os se courbent en arc, après quoi on les laisse revenir lentement à leur position naturelle.
Le tsoul-tsouroi diffère du précédent en ce qu’on lie d’abord ensemble les doigts des deux pieds, puis on place entre les jambes une grosse pièce de bois, et deux hommes, tirant en sens contraire des cordes attachées à chaque genou, les rapprochent peu à peu jusqu’à les faire toucher.
Le pal-tsouroi est la dislocation des bras. On les attache derrière le dos l’un contre l’autre jusqu’au-dessus du coude, puis avec deux gros bâtons qu’on emploie comme leviers, on force les épaules à se rapprocher. Après quoi l’exécuteur délie les bras, et, appuyant un pied sur la poitrine, les ramène à lui pour remettre les os en place. Quand les bourreaux sont habiles, ils savent comprimer les os de façon à les faire seulement ployer ; mais s’ils sont novices et inexpérimentés, les os se rompent au premier coup, et la moelle s’en échappe avec le sang.
La suspension (hap-tsoum). – on dépouille le patient de tous ses vêtements, on lui attache les mains derrière le dos, et on le suspend en l’air par les bras ; puis quatre hommes se relèvent pour le frapper tour à tour à coups de rotin. Au bout de quelques minutes, la langue couverte d’écume pend hors de la bouche, le visage prend une couleur violet sombre, et la mort suivrait immédiatement si l’on ne descendait la victime pour la laisser reposer quelques instants, après quoi on recommence. Le tsou-tsang-tsil est une autre espèce de suspension dans laquelle le patient est attaché en haut par les cheveux et agenouillé sur des fragments de pots cassés, tandis que les satellites, placés de chaque côté, lui frappent les jambes à coups de bâton. »
Le sens du mot « satellite » est celui d’un auxiliaire de justice, sorte de gendarme recruté souvent parmi des brigands repentis ou qui veulent bénéficier de l’impunité. « Les plus adroits, les plus insolents et les plus redoutés sont ceux des tribunaux criminels de la préfecture de chaque province. » écrit l’auteur (p. 46). La gravure d’un satellite coréen précède ces lignes.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci