Qui a le plus de chances de remporter un duel : celui qui est armé d’un bâton ou celui qui l’est d’une canne ? Voici la réponse, donnée par G. , signataire de l’article « Exercices du corps, causerie sur l’Escrime au point de vue du Duel », paru dans « La vie parisienne » du 3 février 1866, p. 65 (source : Google livres).
« Ce qui est vrai pour la longueur des armes est vrai aussi pour la taille des combattants, et l’on ne peut pas dire que sur le terrain l’homme grand ait un avantage ou un désavantage sur l’homme petit. C’est au tireur à modifier son jeu suivant les circonstances et les obstacles contre lesquels il a à lutter. C’est à lui à paralyser les qualités de son ennemi et à trouver dans ses défauts à lui un côté avantageux (…)
Cette infériorité de l’homme grand, lorsqu’il s’est laissé gagner, me rappelle la fameuse question qui court les salles de canne et de bâton, et que j’ai entendue poser pour la première fois chez Lecour :
« Si vous aviez à vous défendre sérieusement contre un homme armé d’un grand bâton, que prendriez-vous ? un grand bâton, comme lui, ou une canne ? »
La première pensée qui vous vienne à l’esprit est celle-ci : c’est que plus le bâton sera long et plus on sera redoutable, de même que dans le public on jugeait un homme armé d’une longue épée infiniment plus redoutable qu’un autre homme armé d’une épée courte.
Et cependant la vérité est que lorsqu’on a mis les deux tireurs d’égale force en présence, l’un ayant une canne, l’autre ayant un bâton, l’avantage est toujours resté au premier.
« Parbleu », disait le tireur au grand bâton à son adversaire, après l’un de ces assauts, « il n’y a rien d’extraordinaire, vous m’avez criblé parce que je n’ai pas pu me défendre, vous étiez sur moi ! »
C’est précisément à cela que l’homme armé d’une canne doit sa supériorité. Une fois entré dans le jeu de son adversaire, ce dernier est complétement paralysé. C’est la fable de La Fontaine : un grand plumet, qui est en soi-même un avantage précieux, devient un grand embarras lorsqu’il faut passer par un petit trou. »
Du même auteur, qui signe G., on lira les articles des 25, 27 et 29 septembre 2011 : La canne et le bâton vus par « La Vie parisienne » (1865).
Article rédigé par Laurent Bastard, merci
Bon, disons le tout de suite, Laurent évoque ici un vrai problème ! Oui, la distance est un aspect extrêmement important en canne et en bâton. La richesse technique également, car selon le bagage qu’utilise le tireur (canniste ou bâtonniste), les chances de touche sont différentes. Certes le canniste, fluide et vif comme l’éclair arrivera à « entrer » dans la garde du bâtonniste, mais attention, car une canne (aujourd’hui) ne pèse pas trés lourd (100 -150 grammes) face à un bâton (400 grammes et plus)…de plus, en bâton, il existe des coups (coulissés) d’une rare vitesse… et mieux vaut se prendre quelques coups de canne qu’un gros et pesant coup de bâton…là, nous ne parlons que de la version sportive ! (imaginez ce que cela peut donner en version « self défense »)…
Un vrai débat en perspective pour nos amis lecteurs (passionnés par ce douloureux et sérieux sujet
FM