Dans la catégorie des bâtons qui servent d’outils, on peut ranger les pilons. Ce sont des bâtons dont une extrémité est plus ou moins arrondie en forme de poire, ou de cône, voire à quatre pans, et dont la surface de contact est soit plate, soit plus ou moins hémisphérique. Les pilons, comme leur nom l’indique, servent à piler, écraser, pulvériser des grains, des épices, des fruits et légumes et divers aliments, ou bien des substances tinctoriales, minérales ou végétales, ou encore des produits pharmaceutiques.
Le pilon est un outil à percussion qui s’emploie verticalement, à la différence du marteau, dont la tête est perpendiculaire au manche et qui s’emploie par projection semi-circulaire.
La matière des pilons de grande taille est le bois, qui doit être assez ferme pour ne pas s’user au contact répété des matériaux à broyer et du récipient où ils sont déposés (le mortier). Il ne doit pas s’effilocher pour que des fragments de bois ne se mêlent pas aux matières.
En Europe du sud, le buis est particulièrement adapté, mais il ne peut permettre de fabriquer des pilons de grande dimension et à tête large. Au Japon et dans de nombreuses parties de l’Asie, en Afrique, où l’écrasement des grains (comme le mil) s’effectue encore de façon traditionnelle, les pilons doivent être façonnés à partir de branches suffisamment longues, larges et dures, mais nous ignorons quelles sont les essences employées.
Pour les usages autres qu’alimentaires, il existe des pilons fabriqués en fonte, fer, verre, pierre, porcelaine, mais ils n’appartiennent plus à la catégorie des bâtons.
Un outil particulier nommé « bouloir » était employé par les tanneurs et les mégissiers il y a encore quelques années. Il s’agissait d’une pièce de bois de deux mètres environ, dont l’extrémité était arrondie en poire ou en pyramide. Certains bouloirs n’étaient pas d’une seule pièce mais formés d’un manche qui s’adaptait à un morceau de bois rectangulaire de 40 à 50 cm de longueur sur 15 à 20 cm de largeur et d’une dizaine de centimètres d’épaisseur.
Cet instrument servait à enfoncer et remuer les peaux dans les bains de chaux lors de l’épilage, les confits (substances enzymatiques destinées à assouplir le derme, telles les crottes de chien et les fientes de poule), les jus d’écorce de chêne (pour le pré-tannage et le tannage des petites peaux) ou encore lors des opérations de teinture en cuves.
Le bouloir était toujours fabriqué en bois car ce matériau était non seulement plus léger que d’autres, mais surtout il ne provoquait pas de taches sur les peaux, à l’inverse, notamment, du fer, qui réagit au tannins végétaux (chêne, châtaignier) en formant des taches noires difficiles à effacer.
L’illustration représentant une femme africaine pilant le mil est extraite de la revue « Le tour du monde » de 1883, p. 128 (Exploration du Haut-Niger par le commandant Gallieni en 1882-1883) et du « Manuel du tanneur », Editions Roret, par Julia de Fontenelle (1833) (travail des pelains et mise en jusée).
Article proposé par Laurent Bastard. Merci