En 1834 furent publiés les « Chants populaires des Serviens, recueillis par Wuk STEPHANOVITSCH », dont le tome I, p. 301, renferme un intéressante mention d’un jeu de bâton analogue à celui du djerrid chez les Persans. Pourtant, les Serbes, qu’on appelait Serviens à l’époque où fut publié le recueil, sont un peuple slave et la Perse (l’Iran) n’est pas proche de leur territoire.

Il est vraisemblable que ce jeu a donc était introduit d’un peuple à un autre, au cours des conquêtes des empires chrétiens, turcs et perses. Le nom même du jeu, comme on le verra ci-dessous, atteste une origine commune. On remarquera cependant que le bâton employé par les Serbes était long (4 pieds, soit environ 1, 20 m) alors que celui des Persans est beaucoup plus court (35 à 40 cm).

Le texte qui nous intéresse est le commentaire d’un poème dont voici quelques vers : « Les Serviens couvrent au loin la contrée ; / (…) Ils se répandent sur la vaste plage, / Et se livrent à des amusements divers. / Celui qui a un bon coursier l’exerce avec art ; / Qui aime le jeu, lance le disque ou le bâton. »
Suit la note à « bâton » : « Cet exercice est encore aujourd’hui le jeu favori des Serviens. Des cavaliers se partagent en deux bandes ; chacun d’eux porte un bâton, long de quatre pieds, qu’il lance horizontalement, et que l’adversaire vis-à-vis doit saisir. Les Serviens ont encore d’autres exercices gymnastiques, tirés de ce jeu qui se joue en troupe, et aussi à deux ; les hastes (lances) dont ils se servent pour cela se nomment « dshilit ». M. de Pouqueville en parle comme du jeu favori des Turcs et des Arnautes (Serbes d’Albanie). Il y trouve la cause du grand nombre de borgnes que l’on voit parmi eux. « Degérid », nom donné au jeu de bâton, paraît un dérivé ou une corruption du mot « dshilit », qui est turc. »

Article proposé par Laurent Bastard. Merci