Tout d’abord, je vous invite à lire la notice complète de cette oeuvre présente au Musée Malraux, du Havre et dont la reproduction sur internet se trouve ici (© collection SENN, Le Havre, musée Malraux, © Direction des musées de France, 2005).
En voici un extrait qui concerne la canne.
« Cette ouvre est bien un nature morte, un peu particulière sans doute, car canne et chapeau interviennent rarement dans l’iconographie de ce genre pictural. En revanche de tels objets, icônes de la vie moderne d’alors, sont parfaitement représentatifs des moeurs parisiennes à la fin du dix-neuvième siècle. Qui plus est, le haut-de-forme revêt un intérêt particulier pour Félix Jasinski puisque c’est avec cet objet dans les mains que le portraiture son ami suisse à quelques temps de là. Mettant en scène de tels attributs, Félix Vallotton s’impose comme ce peintre de la vie contemporaine que Baudelaire appelait de ses voeux. Aux impressionnistes qui peignaient les plaisirs nocturnes et les jeux, on reconnut d’abord ce rôle. Vallotton dépasse les loges de Renoir et autres café-concerts à la Degas, en ce sens qu’avant même ses synthétiques bois gravés, il tire déjà le plus grand profit de l’art de la suggestion et de celui de la distanciation. Il procède ici par métonymie. Ce haut-de-forme, abandonné sur une chaise n’est rien d’autre que le portrait métonymique de Félix Jasinski. Mais ces simple objets dépassent aussi leur propriétaire, en désignant les accessoires obligés d’un certain art de vivre. Entre sa faculté à restituer une ambiance intimiste et son efficacité à refléter les moeurs de l’époque, tout cela avec une réelle économie de moyens et déjà cette sécheresse d’expression qui ne quittera guère l’artiste, cette ouvre annonce avec un peu d’avance le meilleur de l’ouvre de Vallotton. »
FM