Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE CUDJEL PLAY, UN JEU DE BATON ANGLAIS, EN 1809

ean-Baptiste GALLET fut fait prisonnier par les Anglais durant les guerres napoléoniennes. En 1809, il était cantonné à Wincanton, bénéficiant d’un régime de liberté surveillée et restreinte, sous cautionnement. Il a rapporté cet épisode de sa vie dans ses « Souvenirs d’un prisonnier de guerre en Angleterre », publiés en 1846 dans la Revue de Rouen et de la Normandie, littéraire, historique, industrielle.

Lorsqu’il aborde les coutumes anglaises, il en vient à parler du « cudjel play » ou jeu de bâton, qui se pratiquait avec une violence qui le révolta…

« Enfin, une coutume qui remonte au moins aux invasions saxonnes, si toutefois elle ne descend pas des Bretons primitifs, c’est le « cudjel play », jeu de bâton, espèce de joute qui conserve bien le caractère de barbarie des siècles anciens. Cette joute a lieu dans les fêtes publiques ; c’est un spectacle qu’on donne au peuple, et dont les Anglais, et surtout les Anglaises, sont fort avides.

Sur un théâtre en plein air s’avancent deux jouteurs, assistés d’un ou deux constables. Leur main droite est armée d’un bâton de deux pieds, et leur bras gauche garni d’un coussin, depuis l’épaule jusqu’au coude. Il faut, pour vaincre son adversaire, lui porter à la tête un coup qui fasse jaillir le sang. Il est permis de le frapper ailleurs, pour l’affaiblir et tâcher de lui faire baisser le bras gauche, derrière lequel celui-ci cache sa tête tant bien que mal ; mais il n’y a que les coups à la tête qui comptent.

Loin d’offrir les poses gracieuses et académiques de l’escrime ou les attitudes martiales et vigoureuses du pugilat, cette lutte a quelque chose d’ignoble, par la position gênée des jouteurs pour cacher leur tête derrière le bras gauche, et leur sautillement continuel pour s’élever au-dessus de l’obstacle qui leur masque la tête de leur adversaire.

Le combat débute par une poignée de main, et ce souhait mutuel : God keep your eyes, « Dieu conserve vos yeux » ; parce qu’un coup de bâton peut vous enlever un oeil. Il ne cesse que lorsqu’un des constables prononce le mot blood, « du sang » ; alors le vaincu se retire et il est remplacé par un nouveau champion ; le prix est adjugé à celui qui aura cassé le plus de têtes.
Pourrait-on croire qu’un peuple policé prenne plaisir à pareil spectacle dans le XIXe siècle ? Pourrait-on croire, surtout, que les femmes y assistent avec enthousiasme ? J’en ai pourtant entendu s’exprimer ainsi : What a noble play ! « Quel noble divertissement ! » ; « Que Billy s’est bien comporté ! Il a cassé sept têtes avant d’avoir la sienne cassée ! »
Il est aussi fait allusion à ce jeu brutal dans un roman de Fenimore COOPER (1789-1851), intitulé « Wyandotté » (1843). Michel, un Irlandais, s’entretient avec un Indien nommé Nick. Ce dernier lui dit qu’il scalpe ses victimes. L’Irlandais réplique : « On se donne souvent des passe-temps où les batailles jouent un bon rôle. Mais nous aimons à taper sur la tête et non pas à l’écorcher. – C’est votre mode ; la mienne est de scalper. Vous tapez, j’écorche. Lequel est meilleur ? – Ah ! le scalpage est une horrible opération ; mais le jeu de bâton vient nettement et naturellement. »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :roll:

2 Comments to “LE CUDJEL PLAY, UN JEU DE BATON ANGLAIS, EN 1809”

  1. [...] les violents combats au bâton pratiqués autrefois par les Anglais (voir l’article : Le cudjel play, un jeu de bâton anglais, en 1809). Voici un autre témoignage des sentiments plus que mitigés éprouvés par les Français à [...]

  2. [...] ou « cudgelling ». Nous l’avons déjà évoquée le 3-07-2010 dans Le cudjel play, un jeu de bâton anglais en 1809 et le 25-01-2012 dans Le cudgel vu par l’abbé Prévost en 1728. En voici un autre [...]

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