En complément de notre récent article sur les parapluies Bressange, à Neussargues (Cantal), voici un livre qui intéressera tous les amateurs de parapluies mais aussi de cannes, tant les deux accessoires sont liés.
Il s’agit d’un bel ouvrage au format « à l’italienne » (15,5 x 21,5 cm) intitulé : « AURILLAC, BERCEAU DU PARAPLUIE ; 125 ans d’histoire des parapluies Piganiol », par Jean Piganiol (2009).
Ce livre ne semble pas diffusé par un éditeur autre que l’entreprise Piganiol, mais le musée d’art et d’histoire d’Aurillac le vend aussi (29 €). Il est aussi disponible à l’Office de tourisme et à la boutique des parapluies Piganiol, 28 rue des Forgerons, et sans doute doit-on le trouver auprès des libraires locaux.
Belle maquette, nombreuses illustrations en noir et en couleurs, dessins, et texte clair, voilà les qualités d’un livre comme on les aime !
Il comporte les chapitres suivants :
- chapitre I : De l’ombrelle au parapluie. C’est l’histoire générale de ces accessoires de confort pour prévenir les rhumes et les insolations, connus depuis l’Antiquité en Chine, Egypte, Grèce, Rome antique. L’historique se poursuit au moyen âge occidental, au XVIIe et au XVIIIe siècles.
- chapitre II : L’évolution du parapluie. L’auteur signale que la fabrication du parapluie connaît un grand essor au XIXe siècle et donne les noms des fabricants de Paris (400 en 1848), Lyon, Autun, Chalon-sur-Saône, Toulouse, etc. réservant l’histoire du parapluie d’Aurillac à un chapitre ultérieur. On y lira d’intéressantes données sur la toile, la monture, les poignées. Les outils utilisés sont décrits et photographiés.
- chapitre III : Le parapluie dans l’imagerie populaire. C’est un sympathique chapitre qui aborde les personnages célèbres porteurs de parapluies, les saints-patrons liés à la pluie, les expressions, la peinture, la littérature, les chansons, les comédies musicales (« Singin’ in the rain », « Les Parapluies de Cherbourg »…), le cinéma, la publicité.
- chapitre IV : Le rôle des migrants cantaliens. On y découvre le rôle essentiel des colporteurs du XIXe siècle dans le développement de l’industrie aurillacoise. Ils réparaient et vendaient des parapluies dans toute la France durant des périodes plus ou moins longues (de 3 mois à 3 ans). L’auteur donne ensuite le nom des fabriques d’Aurillac et reconstitue leur histoire, ainsi que celle des principaux marchands. Il montre enfin que des fabricants se sont implantés à l’étranger et illustre son propos par la belle enseigne du magasin Laboyrie à La Haye (Pays-Bas), dénommé « A la belle canne ».
- chapitre V : Aurillac, capitale du parapluie. Ce chapitre aborde l’histoire des fabricants de parapluie de cette cité ; on y apprend que certains confectionnaient aussi des cannes (4 en 1856). Leurs entreprises se développent et emploient plus de 600 personnes en 1903 : 175 en ateliers et 450, surtout des femmes, à domicile. Ils reçoivent des médailles lors des expositions industrielles et exportent à l’étranger. La concentration ouvrière entraîne des grèves à partir de 1905 jusqu’en 1928. Un sous-chapitre intéressant est consacré aux fabriques annexes de poignées et autres éléments. Trois fabricants de parapluies subsistent au cours de la première moitié du XXe siècle et l’apogée est atteinte avec l’entreprise Sauvagnat dans les années 1960-1970, qui produit 30 % de la production nationale (1 500 000 parapluies produits en 1970). C’est le déclin à la fin des années 1970. Les trois entreprises restant après la faillite Sauvagnat décident de s’unir en Groupement d’Intérêt Economique en 1998 (qui vivra jusqu’en 2007) et de créer la marque « L’Aurillac Parapluie ». Le modèle générique est fabriqué avec des parties métalliques en cuivre, une poignée en châtaignier, un mât en bois et recouvert de toile en lustrine de coton. Aujourd’hui, une soixantaine de personnes travaillent dans ce secteur.
- chapitre VI : Les parapluies Piganiol, 125 ans d’histoire. L’histoire des cinq dirigeants de cette entreprise dynamique nous est contée, en commençant par Jean Delort, comptable chez le fabricant Poignet en 1887. Il en devient le patron en 1911 et cède ses parts en 1931 à son gendre René Piganiol. L’activité se poursuit jusqu’à nos jours avec Henri, Jean et Matthieu Piganiol, père, fils et petit-fils de René.
L’ouvrage est assorti de notes et indique ses sources. A la fin figure une bibliographie d’une vingtaine de titres et des dessins donnant la nomenclature d’un parapluie droit et d’un parapluie pliant (pour le premier, on relève 17 mots désignant les éléments composant l’accessoire : tape à terre, plaque, noix, griffe, mât, coulant, brin, fourchette, arrêt, joint, aiguillettes, poignée, godet, etc.)
Voilà un livre à savourer à la maison, quand il tombe des cordes dehors et qu’on est heureux d’être à l’abri. Et tant mieux si les fabricants de parapluie se frottent les mains quand la météo est de leur côté !
Article rédigé par Laurent Bastard, merci
Bonjour,
Un rapport ethnographique collectif publié par le Musée d’Aurillac en 1990 complète utilement ce livre de J. Piganiol:
« Ceux du parapluie »
téléchargeable ici dans le menu déroulant :
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Disciplines-et-secteurs/Patrimoine-ethnologique/Travaux-de-recherche/Rapports-de-recherche/Liste-par-mots-cles/%28offset%29/44
A. Unterberger