Avant que ne se répandent en Afrique, Amérique et Asie les briquets à silex et amadou, puis après 1844, les allumettes phosphorées dites de sûreté, de nombreux peuples produisaient du feu par frottement d’un bâton sur un morceau de bois entaillé. La chaleur engendrée par la friction provoquait l’inflammation des gaz et des poussières qui se communiquait à des herbes, mousses sèches ou feuilles mortes.
Pour plus d’informations sur les procédés de ce type usités à toutes les époques et sur tous les continents (et d’ailleurs pas complètement abandonnés), on se reportera au livre complet de Jacques COLLINA-GIRARD : « Le feu avant les allumettes », partie II : Briquets à friction, p. 41 et suivantes. (Paris, Edition des Sciences de l’Homme, 1998). Ce livre est en partie consultable sur www.books.google. fr.
Voici un extrait du récit de Jean-Baptiste LABAT, auteur du « Nouveau voyage aux isles de l’Amérique » (1722), reproduit dans Le Magasin pittoresque de septembre 1847, p. 320 :
« On prend deux morceaux de bois, l’un plus dur que l’autre ; on fait une pointe au plus dur et un commencement de trou au plus mol. On met celui-ci entre les genoux et on le presse pour le tenir ferme, et prenant l’autre, qui doit être comme un bâton de sept à huit pouces de long, entre les palmes des deux mains, on met sa pointe dans le petit trou de l’autre, et on le fait tourner le plus vite possible (…). Ce mouvement échauffe les deux morceaux de bois, et surtout celui qui est le plus tendre, parce que ses parties, étant plus éloignées les unes des autres, sont plus faciles à ébranler et sont par conséquent plus susceptibles de chaleur, et, le mouvement continuant, elles en reçoivent à la fin assez pour s’enflammer. On sent d’abord une légère odeur de brûlé, on voit ensuite une petite fumée s’élever du bois mol, et puis on aperçoit des étincelles. J’ai fait assez souvent du feu de cette manière. Il faut tourner sans discontinuer, de peur de donner le loisir aux parties ébranlées de se reposer, et si l’on se sent fatigué, il faut qu’une autre personne continue à faire agir le bois pointu sans interruption. »
C’est la technique la plus simple mais la plus fatiguante. J. COLLINA-GIRARD décrit également en détail des techniques reposant sur l’emploi d’un foret à arc ou drille, dont on comprend bien la fonction si l’on a déjà eu l’expérience du percement d’un bois très dur avec une perceuse électrique. Si la pression est insuffisante ou le foret inadapté, on sent l’odeur du bois chaud et on peut même commencer à voir s’élever une fumée blanche. Inutile de dire qu’il vaut mieux arrêter tout de suite la perceuse !
L’illustration du Magasin pittoresque est issue d’un autre ouvrage, la « Description du Kamtschatka », par J.B.S.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci
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