Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE BATON DU VIEILLARD, PAR BRESSIER (1837)

Voici encore un beau poème dédié au bâton, celui qui accompagna un homme toute sa vie et qui lui sert d’appui, une fois la vieillesse venue. Son auteur est un poète aujourd’hui bien oublié : André Clément Victorin BRESSIER (1766-1849), qui le publia dans son recueil intitulé « Fables et poésies diverses » (Hachette, 1837), consultable en ligne sur le site Gallica. Le bâton y est successivement un jouet, un instrument de marche, une arme de défense et l’appui du vieillard.

« LE BATON DU VIEILLARD.

Le doyen du hameau, vénéré patriarche,
Assis sur une pierre, et d’un oeil attendri,
Regardant le bâton qui soutenait sa marche,
Disait « Vieux serviteur, je t’ai toujours chéri ;
Mon père (il m’en souvient) dans la forêt prochaine,
Quinze lustres passés, te coupa sur un chêne ;
Tu devins d’abord mon coursier ;
Ardent comme on l’est à cet âge,
Sur toi je chevauchais, apprenti cavalier,
Et galopais dans le village.
Puis guidant de marmots un joyeux peloton,
J’apprenais la manoeuvre à la troupe novice ;
Pour faire et commander tour à tour l’exercice,
Tu me servais de mousqueton.
Plus tard je te portais dans nos courses lointaines,
Au milieu des déserts et des immenses plaines
Je marchais seul et sans effroi ;
Habile à te brandir, j’ai vu fuir devant moi,
Et le loup, terreur des campagnes,
Et le chien hydrophobe, et l’ours de nos montagnes.
Si le brigand farouche, à l’oeil étincelant,
M’assaillait à l’écart, sa rage était déçue ;
Dans mes terribles mains tu devenais massue,
Il était à mes pieds renversé tout sanglant.
Ils sont passés ces jours de plaisir et de gloire,
Et j’en conserve à peine une faible mémoire ;
Ardeur, force, légereté,
J’ai vu tout disparaître, et toi seul m’est resté.
Tu me tiens lieu de tout, ô compagnon fidèle !
Tu prêtes ton secours à mon corps qui chancelle,
Ebranlé par la main du temps ;
Tu servais ma vigueur, tu soutiens ma faiblesse
Dans le jouet de mon printemps. »

Poème retranscrit par Laurent Bastard. Merci.

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