Nous avons déjà rencontré le bâton vieillesse. Sous ce titre, l’article du 2 juin 2010 évoquait les sculptures réalisées sur ce thème et celui du 2 décembre 2011 nous a montré qu’il a inspiré le poète Adolphe Carcassonne.
Voici à présent une chanson figurant dans un recueil intitulé « La bande joyeuse, choix de romances nouvelles et chansons bachiques », publié par Peyri, éditeur à Avignon, en 1857. (Source : Gallica).
Pages 15-17 figure cette chanson à caractère moral, sans air indiqué :
LE BATON DE VIEILLESSE
Une pauvre femme passait
Un soir au milieu du village,
Et comme elle était d’un grand âge,
Sur un gros bâton s’appuyait.
Près de là jouaient des enfans
Que trop souvent malice inspire ;
L’un d’eux pour rire à ses dépens,
A la bonne femme vint dire :
Vous ne tomberez pas, oui dà,
Quel beau bâton pour la vieillesse,
J’en voudrais un de cette espèce,
Où trouve-t-on ces bâtons-là ?
On ne les prend pas à plaisir,
Leur dit la vieille sans colère,
Fasse le ciel que votre mère
N’ait pas un jour à s’en servir.
Aimant à former votre coeur,
Enfants, lorsqu’elle vous demande
En retour tendresse et bonheur,
C’est afin que Dieu vous le rende ;
Elle espère et se dit : voilà
De quoi soulager ma vieillesse,
Car votre bras, chère jeunesse,
Est plus doux que ces bâtons-là.
Moi, je comptais sur un meilleur,
Ajoute en pleurs la pauvre femme,
J’avais un fils, une bonne âme,
C’était le plus cher à mon coeur,
Mais hélas ! la guerre le prit !
Reviendra-t-il, qui peut le dire !
J’attends toujours, et n’ai depuis
Que ce bâton qui vous fait rire.
Le pauvre enfant me disait : ça,
Je suis ton bâton de vieillesse ;
Il était bon, car c’est l’espèce
Qui produit ces bâtons-là.
Pauvre mère, consolez-vous !
Jetez cette branche importune,
Reprit l’enfant et sans rancune,
Allons ! appuyez-vous sur nous.
Chacun de nous veut devenir
Un jour le soutien de sa mère ;
Laissez-nous donc vous en servir
Jusqu’à la fin de la guerre.
Mais, quand votre fils reviendra,
Vous le comblerez de caresses,
Dont votre coeur se souviendra.
La gravure illustrant cet article est issue de La Semaine des enfants du 30 mars 1861.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci
Autre chanson où il est question du bâton de vieillesse : dans l’hebdomadaire « Journal de la semaine » du 12 juillet 1860 figure celle qui est intitulée « Une mère qui pleure ».
Le thème : une veuve inconsolable a vu son pauvre fils s’enrôler dans l’armée pour survivre et il est mort durant la guerre. Le refrain est celui-ci :
« La guerre a pris mon bâton de vieillesse / Et l’a brisé dans sa fureur ; / Jusqu’au tombeau, je répandrais sans cesse / Toutes les larmes de mon coeur. »