Voici les 6 couplets d’une petite chanson écrite par le compagnon cordonnier-bottier du Devoir CHARBONNIER, dit « Angevin le Bien Estimé » en 1888. Elle a été publiée dans le journal « Le Ralliement des Compagnons du Devoir », n° 111 du 13 mai 1888, p. 7. Elle s’adresse, comme l’indique son titre, « A un jeune Compagnon, sa canne et ses couleurs » (rappelons que le terme « couleurs » désigne les rubans colorés qui sont remis à tout compagnon le jour de sa réception).
« Dans ce beau jour,
Nous te donnons ce jonc ;
Cette faveur t’accorde pour toujours,
Le soutien de ton beau nom.
Ce jonc t’accorde pour tes couleurs
La gloire et la belle assurance,
Du vrai Devoir sont l’honneur,
Aussi ta jeunesse en fit l’espérance.
Regarde-le avec la tendresse
Qu’il renferme pour ton nom,
Car il t’assure contre la détresse
Le soutien de tout Compagnon.
Sur tes couleurs sont gravés
La vraie sagesse, cette réelle couronne ;
La franchise qui égale l’amitié
Et l’estime qui a tous est si bonne.
Par ton courage sais te rendre honoré,
Garde le souvenir de ton passé,
Et de tes frères tu seras l’estimé,
Je te le jure sur notre égalité.
Au Devoir, je veux être fidèle,
Tout mon bonheur est d’être Compagnon,
Canne et couleurs au vent sont si belles ;
Bien-Estimé est pour toujours mon nom. »
Si les règles poétiques sont un peu malmenées et l’enchaînement des mots un peu laborieux, on comprend bien que Charbonnier fait de la canne un objet quasi-sacré pour le jeune compagnon à qui elle est remise.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci
Autre exemple de l’admiration vouée à la canne, voici le 2e couplet de la chanson du compagnon maréchal-ferrant du Devoir Robert François, Languedoc le Flambeau, intitulée « Devoir, canne et couleurs » :
Toi, belle canne, emblème de la gloire,
Qui fait la joie de tous les Devoirants,
Doux souvenir gravé dans la mémoire
Pour embellir et charmer mes vieux ans.
En contemplant ta majesté si fière,
Ton noble aspect couronnant ta grandeur,
Je te bénis, vraie canne du mystère,
Jusqu’au tombeau (bis) tu feras mon bonheur. »
Source : journal « Le Ralliement des Compagnons du Devoir », n° 381, 13 août 1899, p. 6.