Saint Leufroi, né au VIIIe siècle dans le diocèse d’Evreux d’une illustre famille, vécut au temps de Charles Martel en Neustrie. Il fut abbé du monastère bénédictin de Clichy. Il est fêté le 21 juin.
Sa vie comporte plusieurs épisodes où intervient son bâton, qui ont été rapportés dans le supplément du journal « Le Pèlerin », en 1880, sous le titre de « Vies des saints, nos protecteurs ».
Voici le premier : « Un des religieux ayant laissé tomber le fer de sa cognée dans la rivière de l’Eure, Leufroi mit le bout de son bâton dans l’eau, et à l’instant même le fer remonta et vint s’attacher à ce bâton. »
Un autre épisode le met en présence du démon. « Un jour que les affaires de sa charge l’empêchèrent de se rendre à l’église à son ordinaire, le démon prit sa figure, et, pour se faire saluer des religieux, il se mit en sa chaire avec de belles apparences de modestie et de dévotion. Il eut quelque temps la satisfaction qu’il prétendait : car les premiers qui entrèrent ne doutèrent nullement que ce ne fût leur abbé, et lui firent selon la coutume une inclination profonde, ne croyant pas saluer le loup pour le pasteur. Mais la fourberie ne fut pas longtemps sans être découverte ni sans une juste punition.
Un des frères venait de quitter le Saint dans sa chambre. Arrivé à l’église il fut tout étonné d’y trouver encore son supérieur. Il se douta de la ruse du diable (car celui-ci malgré tous ses efforts ne pouvait s’empêcher de laisser paraître sous son capuchon une certaine gêne et un orgueil mal contenu) et il alla promptement avertir Leufroi de ce qui se passait. Le Saint à qui Dieu fit connaître que c’était un prestige du malin esprit, accourut à l’église, armé d’un solide bâton, fit le signe de la croix sur les portes et sur les fenêtres, et se mit à frapper ce spectre avec une sainte colère, sachant bien qu’il sentirait spirituellement les coups qu’il lui donnait corporellement.
Le démon pouvait disparaître à l’instant même, en dissipant le corps qu’il s’était formé ; mais Dieu ne le lui permit pas, pour faire paraître davantage la puissance de son serviteur. Il allait d’une porte à l’autre, gémissant sous les vigoureux coups de bâton que lui administrait le saint abbé, mais au moment où il croyait échapper aux poursuites de l’homme de Dieu, il se trouvait tout à coup arrêté par le signe de la croix, si bien qu’il fut obligé pour sortir de s’attacher à la corde de la cloche et de se sauver par le clocher. »
Le même bâton qui servit à châtier le démon servit en une autre circonstance : « Le bâton dont s’était servi Leufroi dans cette rencontre, devint tout particulièrement redoutable à Satan. On rapporte qu’une personne étant tombée en la possession de ce malin esprit, le saint abbé se mit en prières, obtint sa délivrance et lui envoya ce bâton pour sauvegarde. Depuis le diable n’osa plus la tourmenter en aucune manière. »
Enfin, il est rapporté qu’il fit jaillir une source en frappant le sol de sa crosse.
Saint Leufroi mourut le 21 juin 738, sous le règne de Childebert II.
La gravure le montre administrant « une verte correction » au démon qui s’était fait passer pour lui, revêtu d’une robe de moine. Au deuxième plan, on le voit frapper le sol de sa crosse pour en faire jaillir une source autour de laquelle se pressent des animaux.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci