Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
SINGULIERS USAGES DES BATONS DES CAROLINOIS


Les Iles Carolines forment un archipel à l’ouest de l’océan pacifique, au nord-est de la Nouvelle-Guinée et constituent les Etats fédérés de la Micronésie.

Les premiers contacts de leurs habitants avec les Européens remontent au XVIIIe siècle mais c’est un Français nommé Louis de FREYCINET qui a fait des observations précises sur les usages des Carolinois dans son « Voyage autour du monde entrepris par ordre du Roi (…) exécuté sur les corvettes de S.M. L’Oranie et la Physicienne pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820″, publié à Paris en 1829.
L’auteur y décrit les Carolinois comme « agiles et adroits, intelligents, confiants et intègres, humains, affectueux et reconnaissants ».

Consulté via Google.livres, nous y avons découvert des passages intéressant notre sujet. Et parallèlement, nous avons eu le bonheur de dénicher une gravure issue de ce livre (Carolinois des Iles Palaos), qui illustre le présent article. On remarquera le bâton orné de filets tenu par le Carolinois.

Voici les passages intéressants. Le premier concerne l’emploi d’un bâton muni de queues de raies, qui sert à la fois d’outil de navigation et d’objet rituel.

Page 113 : « A leurs croyances se mêle beaucoup de superstitions. Ils pensent, par exemple, que, lorsqu’ils portent la queue d’une certaine raie dans leurs pirogues, ils ne peuvent s’égarer en naviguant. Un vent contraire les empêche-t-il de se diriger vers le point où ils tendent, ils emploient un instrument singulier : cet instrument, nommé ossoliféi, consiste en un manche de bois au bout duquel est fixée, avec du mastic, l’extrémité d’une ou de deux queues de raie, et que décorent des feuilles de latanier découpées en ruban ; l’un d’entre eux agite dans l’air cette espèce de bâton augural pendant que l’équipage est en prière, et ils croient de la sorte se rendre les éléments plus favorables. »

Et voici à présent la description d’une danse complexe avec des bâtons :

Page 120 : « Nous avons été plusieurs fois témoins des danses carolinoises (…) mais c’est aux Mariannes surtout que nous en avons vu des plus variées et des plus agréables. Dans l’une de ces danses, les acteurs, en assez grand nombre, se rangent sur deux lignes et en face les uns des autres ; tous sont armés d’un bâton (…). Un cri général se fait entendre : à l’instant, chaque danseur frappe adroitement avec son bâton, tantôt celui de la personne qui est vis-à-vis de lui, et tantôt, en sautant et faisant un quart de conversion, celui de son voisin sur la même ligne, soit à droite, soit à gauche. Bientôt ils changent de place, s’entremêlent en formant diverses figures parfois très compliquées, et de manière à toujours heurter en cadence le bâton d’un de leurs voisins.

Il est à remarquer que ce n’est pas avec le milieu de cette arme qu’ils frappent, mais avec ses extrêmités, et qu’à chaque coup elle doit toucher par un bout celle d’un des danseurs, et par le bout opposé, celle d’un autre (…). Un chant général règle tous ces mouvements, qui charment par leur précision et leur grâce. »

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

Leave a Reply