La mesure du temps a sans doute été très tôt une préoccupation humaine, quand la seule alternance du jour et de la nuit s’est avérée insuffisante et trop imprécise pour régler les rencontres commerciales, guerrières ou amoureuses.
L’inventivité humaine a alors été remarquable et, pour mesurer le temps, on a eu recours, une fois encore, à des bâtons !
Voici ce que nous pouvons lire dans le magazine « Lectures pour tous » (année 1900, p. 341), dans un article intitulé « Les mille manières de savoir l’heure » :
« L’HEURE PAR LE FEU – LES BATONS DE COMBUSTION.
Après l’eau et la terre, le feu servit à mesurer l’heure. Ce sont les Chinois qui se sont servis les premiers de ce moyen. « Ils réduisaient en poudre, en le râpant et en le pilant, un bois spécial, dit M. Planchon ; ils obtenaient ainsi une espèce de pâte dont ils composaient ensuite des cordes et des bâtons de diverses formes.
Pour l’usage des personnes riches et des lettrés, ils employaient des bois d’essences plus rares. Ces bâtons qui, dans ce dernier cas, n’avaient guère que la longueur d’un doigt, atteignaient, lorsqu’ils étaient composés avec des bois plus ordinaires, deux et trois mètres et égalaient en grosseur une plume d’oie. On les faisait brûler devant des pagodes et l’on s’en servait pour porter le feu d’un lieu à un autre.
Souvent on piquait ces bâtons dans des vases de métal remplis de cendre ; cette position verticale permettait de suivre facilement de l’oeil leur combustion.
Comme, en brûlant, ces bâtons ne donnaient pas la moindre lumière, ils ne servaient donc qu’à indiquer l’heure dans la maison en même temps qu’ils l’embaumaient.
Ces mèches et ces bâtons, en usage en Chine et dont nous parlons plus haut, en même temps qu’ils donnaient l’heure, servaient encore de réveille-matin. Quand un Chinois voulait se lever la nuit à une heure précise, il suspendait un petit poids de métal bien exactement à l’endroit de la mêche ou du bâton où le feu devait arriver à l’heure dite. Le moment venu, le poids se détachait, le fil étant brûlé, et tombait dans un bassin de cuivre ; le bruit de sa chute était assez rententissant pour réveiller le dormeur. »
L’illustration nous montre, en haut, à gauche, une veilleuse de Garby et à droite, une lampe juive. Les horloges à bâtons sont, au centre, une : « Horloge chinoise à bâtons de combustion piqués dans un vase de métal rempli de cendre. Etant gradués, ils marquent exactement, par le temps qu’ils mettent à brûler, l’heure qu’il est. »
En bas est figurée une « Horloge chinoise à réveille-matin. Quand le bâton est consumé jusqu’au point où il supporte un fil retenant deux boules de métal, ce fil se consume aussi et les deux boules, tombant sur le gong, réveillent le dormeur. (Communiqué par M. Planchon). »
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci