Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LA MORT PAR 1000 COUPS DE BATON EN 1716

Dans l’ « Histoire universelle depuis le commencement du monde jusqu’à présent » (1766) figure le récit d’une terrible bastonnade infligée par le dey (régent) d’Alger, en 1716, à un jeune Maure. Qu’avait-il fait ? Refusant de céder le passage à Thomas Thompson, consul anglais, il l’avait insulté et malmené. Un amiral, témoin de la scène, porta plainte devant le dey. Comme il avait de la considération pour les parents du jeune homme, il demanda au régent de ne pas le condamner à la corde, mais lui suggéra qu’il fallait cependant lui infliger un châtiment pour l’exemple et pour la satisfaction du consul.
« Il convinrent qu’on le condamnerait à la bastonnade. Le consul arriva peu après, et le dey lui dit qu’il allait lui rendre justice. Le bachaoux Maure (une sorte de sergent, ou prévôt) amena bientôt le criminel. Le dey lui dit, fort en colère : « Malheureux ! qu’as-tu fait ? » Le Maure, sans beaucoup s’émouvoir, lui répondit : « Eh seigneur ! qu’ai-je fait ? j’ai battu un chrétien, un chien qui voulait être plus que moi, et qui m’a dit des injures. Le dey, outré de son arrogance, lui dit : « est-il vrai que tu as traité le consul anglais de la manière qu’on me l’a dit ? » – « Oui, seigneur, et cela ne valait pas la peine de m’envoyer chercher ». Alors le dey, comme furieux, le condamna à recevoir deux mille deux cents coups de bâton ; et la sentence fut exécutée sur le champ en présence du consul.
On lui appliqua d’abord mille coups de bâton sous la plante des pieds, de sorte que les pieds lui tombèrent jusqu’à la cheville ; comme il ne pouvait en supporter davantage sans mourir, et que le dey voulait en faire un exemple qui inspirât de la terreur, il ordonna que le criminel fût conduit en prison, afin qu’il se remît un peu ; le lendemain à neuf heures du matin, on lui appliqua les autres douze cents coups de bâton sur les fesses, qu’on lui emporta aussi. Il en perdit la parole et la connaissance ; mais comme il n’était pas mort, le dey ordonna de le conduire en prison, de l’y enfermer, et de l’y laisser seul et sans secours. Ainsi ce malheureux mourut de douleur, de faim et de soif. »
Cet épisode semble avoir été rapporté originellement par Laugier de Tassy, un diplomate français qui séjourna à Alger en 1718.

Article proposé par Laurent Bastard. Merci :)

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