Parmi les bâtons utilitaires figure la « coche » de boulanger. Il s’agit d’une baguette le plus souvent en coudrier (noisetier) parfois en bourdaine, fendue en deux parties et longue de 40 cm environ. La coche servait à comptabiliser le nombre de pains vendus à crédit. Le système était simple et infaillible. Le boulanger et le client détenaient chacun une moitié de la baguette. Lorsque le boulanger faisait sa tournée ou lorsque le client se rendait à la boutique, le boulanger entaillait les deux baguettes réunies. On appelait cette entaille ou encoche une « coche », et c’est ce qui a donné le nom au bâtonnet tout entier.
A la fin de la semaine ou du mois, ou d’une durée fixée d’un commun accord, le boulanger demandait son dû au client. Personne n’avait intérêt à ajouter une entaille : le boulanger, parce que l’encoche ne s’adapterait pas à celle du client, et le client parce qu’il ne voulait pas payer un pain qu’il n’avait pas acheté. Plus rarement, les bouchers et les cafetiers employaient des coches.
Sur la photo, on voit le boulanger devant sa boutique, sa sacoche sur le côté pour encaisser ses clients, qui tient un paquet de baguettes avant de partir en tournée.
On en voit des photos plus précises sur le site du musée de Bourgneuf-en-Retz (Loire-Atlantique) : http://museepaysderetz.free.fr et sur celui du patrimoine de Chauché (Vendée)http://georgespierre.unblog.fr
Selon Eman MARTIN (Origine et explications de 200 locutions et proverbes, Paris, Delagrave, 1888, p. 102-103), le mot serait à l’origine de l’expression « faire une cote mal taillée ». Après avoir rappelé l’usage des coches chez les boulangers, il ajoute : « Le mot cote se serait substitué à coche par une confusion résultant de la ressemblance, et c’est ce qui a fait dire, quand, rapprochant les deux moitiés de la coche, on trouvait que les marques de l’une ne se rapportaient pas à celles de l’autre, que c’était une « cote mal taillée » (entaillée). Or, attendu que, selon toute probabilité, un tel fait amenait le partage de l’erreur entre le débiteur et le créancier, il en est résulté que l’on a dit, plus tard, en parlant d’un compte que l’on arrêtait en rabattant quelque chose de part et d’autre sans l’examiner exactement, que l’on « faisait une cote mal taillée », c’est-à-dire qu’on agissait comme lorsqu’on a fait une cote mal taillée. »
Cette explication n’est pas partagée par les linguistes actuels, qui estiment que l’expression est liée au vocabulaire des impôts. Une cote, c’est un impôt, comme la taille. Tailler, c’était répartir cet impôt. Une cote mal taillée était un impôt mal réparti, donc injuste. Qui a raison ?
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci
[...] de coches, qui était identique, et les bons comptes faisaient les bons amis. (voir l’article La coche de boulanger). L’usage en est aussi attesté chez les bouchers. Il s’est éteint il y a un [...]
[...] deux morceaux de bois fendus doivent correspondre l’un à l’autre) dans l’article La coche de boulanger. Louis Figuier poursuit son étude des supports qui ont précédé le papier en signalant [...]
[...] des clients (sur ce type de bâton, voir les articles du 19-05-2010 : La coche de boulanger ; 18-04-2011 : Une « oche en un baston » chez les talemeliers du XIIIe siècle [...]
Même les percepteurs du temps jadis ont usé des bâtons rapprochés sur lesquels on pratiquait une encoche. Voici ce que l’on peut lire sous la plume du baron de la DOUCETTE, ancien préfet des Hautes-Alpes, dans « Le Musée des familles » de décembre 1836, à propos des usages du département où il exerça ses fonctions :
» A Chaudun, Rabou, etc., le percepteur n’avait pas besoin d’être lettré. Il ne recevait, il y a vingt ans encore, que pour la forme les rôles de contributions. Il se servait réellement de ce bâton fendu, en usage pour les boulangers, dont les parties prenante et payante ont chacune une moitié égale, sur laquelle elles font réciproquement leurs coches, et qui avait valu aux impositions publiques le nom de taille. »
Encore un nouvel usage du bâton à encoches, relevé dans un article intitulé « Autour de la truelle » et qui concerne les maçons migrants de la Creuse (dans la revue « Le mois littéraire et pittoresque », janvier-juin 1910, p. 213.
« Les maçons actifs et intelligents surent profiter de ces circonstances (l’essor du bâtiment au milieu du XIXe s.) : ils se firent entrepreneurs sans se laisser effrayer par leur manque d’instruction. Des coches faites sur des bâtons aidèrent quelques-uns, ne sachant ni lire ni écrire, à marquer les journées de leurs ouvriers ! ».
[...] nous rencontrons des bâtons associés à la correspondance entre les hommes : bâton à encoches (la coche de boulanger), bâton sur lequel on écrit (bâton de correspondance), bâton brûlé et taché de sang (le [...]