Un bâton de berger peut s’avérer une arme dangereuse sauf si l’on interrompt le geste menaçant avec un revolver… Voici une anecdote rapportée par Théophile DEYROLLE dans son « Voyage dans le Lazistan et l’Arménie (1869) », publié dans le magazine « Le Tour du monde » en 1875.
Aux environs d’ Erzeroum, en Arménie, où voisinent Turcs, Kurdes, chrétiens, juifs et autres ethnies et religions, Deyrolle traversait une prairie lorsqu’il lui arriva un fâcheux incident. Deux gros chiens de berger s’élancèrent sur le chien qui l’accompagnait. Il appela le berger, un Kurde, qui fit la sourde oreille. Deyrolle fut obligé d’avoir recours à son fusil pour immobiliser les deux molosses.
Aussitôt le berger, apercevant ses chiens blessés, fut pris d’une grande colère et s’approcha d’un air menaçant.
« Ce furieux n’écoutait rien et continuait de s’avancer en levant sur moi sur bâton ferré, croyant probablement que mes armes étaient vides ; à cet instant je le couchai en joue ; immédiatement il s’arrêta, puis il fit volte-face vers le village voisin, en criant et en appelant au secours contre les « giaours » (infidèles) qui voulaient le tuer. Je n’avais d’autre alternative que d’aller me mettre sous la protection des autorités de l’endroit, ou bien de coucher en plein air, ce qui n’eût pas été prudent. Je fis donc hâter le pas, et nous arrivâmes au village de Piran presque en même temps que le berger. »
Les compatriotes de ce dernier essayent alors de forcer la porte de la maison où Deyrolle s’est réfugié. « Sur ces entrefaites, arriva le mouctard (chef du village) qui eut bientôt dispersé toute la bande en frappant ferme de son bâton sur les plus récalcitrants. »
Un bâton peut donc être offensif ou défensif selon la personne qui le tient…

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci