L’hôtel des Invalides, fondé par Louis XIV pour accueillir les invalides des guerres, a bien failli être désaffecté car en 1898 l’Etat n’y pensionnait que 175 personnes. Mais il conserva sa fonction initiale, à côté de celle du musée de l’Armée et d’autres institutions. Une centaine d’invalides des guerres contemporaines y demeurent encore.
Dans un article du « Petit Français illustré » (22 et 29 janvier 1898), on apprend que quatre enfants de troupe y résidaient. Ils étaient chargés de battre le tambour.
« Ces enfants de troupe sont au nombre de quatre. Placés sous l’autorité d’un surveillant, ils apprennent à battre la caisse et ils sont les « tapins » de l’Hôtel : ils « roulent » la soupe et la breloque, à l’heure des repas ou à la fin de l’exercice. Lorsque le 200e régiment formé pour Madagascar a remis son drapeau, ce sont ces quatre bonshommes qui ont battu aux champs.
Le bruit qu’ils ont fait a paru un peu maigre et les connaisseurs ont trouvé que leurs coups de baguette dénotaient une certaine inexpérience, à moins que ce ne fût de l’émotion – ce qui est probable. Quoi qu’il en soit, c’est à eux qu’incombe la mission d’annoncer l’heure des principaux évènements de la journée.
Ce ne sont pas à proprement parler des enfants de troupe : ils ne sont pas versés obligatoirement à quatorze ans dans les écoles militaires préparatoires. Ce sont plutôt… comment dire ?… des petits « pages ». Fils ou petits-fils d’employés ou de pensionnaires de la maison, ils sont habillés, nourris et logés comme les invalides « en pied ». Comme eux, ils touchent un « prêt » de dix centimes, ou plutôt cette solde leur est allouée par le budget. Mais, au lieu de la verser entre leurs mains, on la dépose pour eux à la Caisse d’épargne. (…)
Ne croyez pas qu’on leur enseigne seulement l’art des « ra » et des « fla » : ils vont en classe, à l’école primaire de l’avenue de Lamothe-Picquet. Le tambour ne les occupe qu’une heure par jour. »
C’est cet apprentissage du tambour sous la conduite d’un tambour-major muni de sa canne, qui illustre cet article (p. 101).
Article rédigé Laurent Bastard, merci