Quelle est la partie du monde où il n’a jamais existé de combats au bâton qui soient plus ou moins codifiés ? Sans doute aucune. Il s’agit d’un instrument d’usage universel. En voici une autre preuve, découverte dans la « Description de l’Egypte ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Egypte pendant l’expédition de l’armée française », publié par Charles PANCKOUCKE en 1826 (p. 167).
« Les gens du commun ont aussi leurs exercices : ils singent les hommes distingués, et font en petit ce que les autres font en grand. Nous avons vu, par exemple, les domestiques des principaux personnages du Kaire s’exercer à lancer un bâton de cinq à six pieds de longueur dans une direction horizontale : c’est ainsi qu’ils se formaient au « geryd » ; ils commençaient à pied, afin d’être plus habiles pour jouter à cheval.
Le peuple et même les « fellâh » s’escriment avec de grands bâtons, en observant certaines règles. L’usage est de faire avec le bâton, au commencement du jeu, certains mouvements, qui sont apparemment une espèce de salut ; après quoi chacun s’efforce de frapper son adversaire à la tête, seule partie qu’on doive viser. L’adresse consiste à parer le coup ; et cette lutte ressemble assez à l’art des bâtonnistes, si connue en Normandie et en Bretagne.
D’autres gladiateurs égyptiens tiennent un bâton de la main droite, un petit coussin dans la gauche, et dirigent leurs coups vers les bras seulement. Cet exercice se nomme « la’b el kab ».
Deux remarques. La première concerne le mot « geryd » : il s’agit du jeu orthographié ailleurs « djerrid », qui se pratique à cheval, en lançant un bâton vers un autre cavalier. Nous l’avons rencontré dans toute l’ancienne zone de conquête arabo-musulmane, de l’Espagne mauresque à la Perse, en passant par la Serbie et la Turquie, et au sud, jusqu’en Ethiope (voir les articles dans les catégories Jeux de canne et de bâton).
La seconde est une nouvelle attestation de la pratique de la lutte au bâton en Bretagne et en Normandie. Nombreux sont les auteurs qui signalent la pratique de cette discipline dans ces provinces. Non pas exclusivement, mais de façon répandue, comme un sport national.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci