Pierre de COUBERTIN (1863-1937), fut non seulement le restaurateur des Jeux Olympiques, mais un pédagogue sportif. Parmi ses oeuvres figure le livre « Pédagogie sportive », publié chez Vrin en 1922, qui comprend un intéressant passage sur l’escrime, dont celle de la canne. On y appréciera notamment la phrase : « La canne, quand on sait en jouer, est une arme redoutable et tous devraient apprendre à la manier. » Elle fait écho à celle du gymnaste suisse Peter CLIAS qui, dès 1819, dans sa « Callisthénie », écrivait : « Tous les hommes sans distinction devraient, selon moi, apprendre à manier le bâton, soit pour l’attaque ou la défense contre leurs semblables, soit contre les animaux. » (voir l’article :Tous les hommes devraient apprendre à manier le bâton » (1819).
« Les sports de défense comprennent les escrimes et le tir. Il y a deux sortes d’escrime : l’escrime sans armes et l’escrime armée. La première comprend la boxe (boxe anglaise et boxe française) et la lutte (lutte européenne et jiu-jitsu). La seconde se pratique avec le fleuret, l’épée, le sabre et la canne.
L’essence psychologique des escrimes réside dans l’aspiration à atteindre l’adversaire. Chaque effort tend à ce but à tel point que l’homme s’énerve s’il demeure trop longtemps sans y parvenir. C’est pourquoi l’offensive doit dominer l’enseignement ; la défensive s’apprend surtout par l’expérience : un enseignement défensif est mauvais. Ce principe général est applicable à toutes les formes d’escrime.
Autre généralité : les escrimes, armées et non armées, ne s’opposent ni ne se remplacent l’une et l’autre ; elles se complètent en se succédant.
« Prenez un homme armé d’une canne et que l’on attaque dans la rue. Va-t-il débuter par jeter sa canne pour se servir de ses poings ? Ce serait folie. Il recourra à ses poings si sa canne casse, ou lui échappe. Ainsi il aura les deux lignes de défense bien établies, l’une derrière l’autre. La canne, quand on sait en jouer, est une arme redoutable et tous devraient apprendre à la manier.
De même un homme qui tient un sabre va-t-il le lâcher pour donner des coups de pied sous prétexte que ses « chassés-bas » sont de premier ordre ? Il commencera par utiliser le fer et ne se mettra à « ruer » que s’il se trouve ensuite désarmé. »
Article rédigé par Laurent Bastard, merci