Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LA CANNE DU GRAND-PERE, PAR ANDRE THEURIET (1867)

André THEURIET (Marly-le-Roi, 1833 – Bourg-la-Reine, 1907) est un poète et romancier qui a laissé de belles oeuvres, notamment sur la forêt.

Il est aussi l’auteur d’un poème publié en 1867 dans « Le Chemin des bois ». Il y évoque la mort de son grand-père, dont il croit encore entendre le son de la canne dans le corridor, tant cet accessoire de marche finit par se confondre avec celui qui le tient en main.

LE GRAND-PERE.

Ma mère mit sur son visage
Un baiser suprême et brûlant ;
Et dans un cercueil de bois blanc
Le menuisier du voisinage
S’en vint le clouer en sifflant.
On attacha sa vieille épée
Au grand poêle noir de velours.
Puis, aux sons voilés des tambours,
La terre humide et détrempée
Le prit dans son sein pour toujours.
Maintenant sous l’herbe et la pierre,
A côté de sa soeur, il dort
Et parfois dans un rêve encor
J’entends la canne du grand-père
Retentir dans le corridor. »

Article proposé par Laurent Bastard. Merci.

1 Comment to “LA CANNE DU GRAND-PERE, PAR ANDRE THEURIET (1867)”

  1. Laurent BASTARD dit :

    L’écrivain François BON vient de publier un excellent livre aux Editions du Seuil intitulé « Autobiographie des objets » (2012).
    A partir des objets de son environnement passé et présent, il évoque des épisodes de son existence. Je n’ai pas manqué de relever le petit chapitre intitulé « monsieur canne ».
    Il s’agit du souvenir de son arrière-grand-mère, aveugle, qui se déplaçait avec une canne. Et François Bon attache ce souvenir au bruit de sa canne : « Dans l’allée de ciment, il lui arrivait de faire de lents allers-retours, le bruit de la pointe ferrée de la canne sur le ciment se prolonge à distance. » (p. 75)
    Plus loin, il nous dit que durant ces déplacements, l’aïeule parlait toute seule et cela le conduit (p. 78) à nous apprendre qu’il possède aussi une canne, « accessoire de théâtre, une petite canne minuscule et fine, qui provient d’une fête d’école. (…) Avoir à la main cette canne c’est – comme l’arrière-grand-mère aveugle – être autorisé à parler seul, et fabriquer des dialogues. »
    Ah ! mystérieux pouvoir de la canne…

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