Dans le livre de M. LEGRAND : « La Terre des pharaons, tableau de l’ancienne Egypte » (1888), l’auteur montre que le bâton était un instrument répandu dans les mains de tous ceux qui détenaient quelque pouvoir sur leurs subordonnés. Les agents du pharaon en étaient munis et en faisaient usage lorsqu’il s’agissait de contraindre les maires des communautés villageoises à payer l’impôt (voir la gravure suggestive). Les bouviers tenaient un bâton courbe pour faire avancer les bœufs lors du labourage (autre gravure). Les jugements rendus étaient souvent suivis de la bastonnade.

L’auteur, p. 128 et 131, décrit la vie d’une famille égyptienne de haut rang : « Venaient ensuite l’intendant de la maison, portant un bâton courbé pour marque de son autorité (…). Dans les représentations picturales, le maître de la maison se reconnaît à la longue canne qu’il tient à la main ou sur laquelle il s’appuie pour se reposer. »

On se rend compte que ce qui est encore évident sous nos yeux, et qui était partout répandu sous toutes les latitudes, a disparu il y a peu des civilisations occidentales. Quel père de famille se ferait photographier de nos jours porteur d’un bâton ? Qui déambulerait dans les rues de nos cités porteur d’une grande canne ou d’un bâton sans attirer les regards (de la police, entre autres) ? Il n’y a pratiquement plus que les personnes âgées, les randonneurs et ceux qui ont du mal à se déplacer, qui tiennent de nos jours canne ou bâton à la main. Encore faut-il qu’ils soient identifiés comme tels par leurs cheveux blancs, leur sac à dos ou leur démarche claudicante. Et pourtant, si le bâton s’efface du réel, il demeure dans notre imaginaire.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci