« La Cité des Dames » est un manuscrit attribué à Christine de Pizan, dont on ne connaît quasiment rien. Il décrit une cité allégorique où la Dame incarne la vraie noblesse de l’esprit et il commente les vertus féminines.
Le manuscrit, daté de 1405, est conservé à la BnF et est illustré par une enluminure intéressante, qui nous montre la construction de la Cité des Dames.
En partie gauche sont les trois vertus qui président à cette construction.
A gauche, la Raison, qui tient le miroir de la connaissance, est associée aux fondations.
A droite, les finitions et le peuplement de la Cité sont représentés par la Justice, qui tient une mesure à grains.
Au centre, l’édification des bâtiments est personnifiée par la Droiture.
Elle tient « une règle qui mesure le juste et l’injuste, le bien et le mal ; cette règle sert à montrer la voie droite aux bons et à frapper les méchants. » selon la notice consacrée à Wikipédia (entrée La Cité des Dames).
Mais selon Claude GAUVARD, auteur de « Le Moyen Age et ses femmes », article publié dans « L’Histoire » en avril 1980, le personnage qui représente la Droiture tient non pas une règle mais un bâton.
Dans tous les cas, tout comme l’épée, le bâton est un symbole ambivalent, qui protège et châtie. Sa forme sans détours illustre au plan moral l’intention droite, la volonté tendue vers un but, qui ne se laisse pas détourner.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci
Bonjour,
L’article sur « La Cité des Dames » (Le Baton et la Droiture) comporte plusieurs inexactitudes. Si vous le souhaitez, je peux vous en proposer une autre version ou vous indiquer ce qui ne va pas. Je suis spécialiste de Christine de Pizan et je suis en train d’éditer « La Cité des Dames » pour les éditions Champion.
Claire Le Ninan
Nous avons été contactés par Madame Claire Le Ninan, spécialiste de Christine de Pizan, afin de mettre à jour l’article présenté plus haut. Voici donc un très intéressant complément que nous vous livrons, en remerciant Madame Le Ninan. « Christine de Pizan est une écrivaine française du début du XVe siècle, à qui on doit une œuvre importante composée de recueils de poésie, de traités politiques, de textes religieux et d’ouvrages moraux consacrés à la défense des femmes. Une de ses œuvres les plus connues, Le Livre de la cité des Dames, est conservée dans trente manuscrits, dont sept ont été élaborés (copie du texte et enluminures) sous la supervision de l’écrivaine.
Dans ce texte allégorique, la narratrice, Christine, plongée dans la lecture d’un ouvrage misogyne, les Lamentations de Matheolus, voit apparaître trois dames : Raison, Droiture et Justice. Elles lui confient la construction d’une cité idéale, dont les pierres sont formées par les femmes fortes et vertueuses du passé et du présent. Cette cité fortifiée doit défendre les femmes contre l’idée misogyne répandue selon laquelle elles sont incapables de sagesse et de vertu, et accueillir les meilleures d’entre elles.
Sur cette miniature tirée du manuscrit BnF, fr. 1178 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8448971t/f13.item), commune à tous les manuscrits supervisés par Christine de Pizan, chacune des dames tient un objet qui permet de l’identifier. Droiture, au milieu du groupe des trois allégories, tient une règle, que le texte décrit comme « le bâton de paix », qui sert à séparer le juste de l’injuste, à accorder les bons et à punir les mauvais ; Droiture se définissant comme l’avocate des justes auprès de Dieu.
Le bâton est donc associé à l’idée de distinction entre le bien et le mal. Ambivalent, il peut récompenser ou punir. Sa forme droite, rapprochée dans le texte à celle de la règle, sert à trancher sans hésitation et de façon juste et mesurée.
«