Les maîtres d’écoles, qui devinrent les instituteurs et sont aujourd’hui les professeurs des écoles, ont longtemps eu pour vêtement la blouse grise et pour attribut la baguette. C’était un instrument à plusieurs fonctions. Elle leur servait à montrer aux élèves ce qui figurait sur le tableau noir ou sur une carte. Elle battait la mesure lors des cours de musique ou de chant. Enfin, elle était le symbole de leur autorité et pouvait devenir un instrument de châtiment corporel.

Je me souviens personnellement de brèves mais redoutables punitions encore infligées par l’instituteur de mon village dans les années 1960, à l’aide de sa baguette !

La baguette a peu à peu cédé la place à la règle de section carrée, plus courte, mais qui pouvait encore sanctionner les élèves.

Il est assez curieux de lire les lignes qui suivent dans un article intitulé « L’école de village », signé d’Emile de la BEDOLLIERE et paru dans l’hebdomadaire « Le Journal illustré » n° 20 du 26 juin au 3 juillet 1864. L’auteur évoque les punitions corporelles comme une pratique rare et appelée à disparaître, alors qu’il n’en fut rien plus tard, au temps des « hussards noirs de la République »…

« Quelques précepteurs, rarement en France, il faut le dire, ont même parfois recours aux patoches. Un bon coup de règle appliqué sur la paume de la main droite terrifie le délinquant. Notre gravure vous présente un exemple de ce supplice redouté : ultima ratio. Mais il faut le reconnaître, il devient de plus en plus rare ; il tombe en désuétude, car les moeurs s’adoucissent, car les idées de conciliation prédominent chaque jour davantage. La férule des anciens, cette grande palette de bois expressément fabriquée, passera prochainement à l’état de curiosité archéologique.

Malheureusement pour l’élève dont M. Kneight (le dessinateur) a si bien peint l’hésitation, les peines corporelles ne sont pas encore tout à fait abolies. Mais elles le seront, et c’est une réforme que nous appelons de tous nos voeux. »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci