Dans un précédent article (Quand les différends politiques se réglaient à coups de bâton), nous avions évoqué les bagarres qui avaient éclaté à Lille lors de la tenue du congrès du Parti ouvrier français en juillet 1896. Les conservateurs et patriotes, le drapeau tricolore en tête, avaient assailli les congressistes à coups de cannes et de bâtons.
Or des actes semblables se renouvelèrent au début du mois de septembre 1899, mais cette fois ils étaient l’oeuvre des militants anarchistes et de leur leader Sébastien Faure (1858-1942). Le drapeau rouge avait remplacé le drapeau tricolore.
Voici ce qu’en rapporte le supplément illustré du Petit Journal du 3 septembre 1899 : « M. Sébastien Faure avait depuis plusieurs jours, très ouvertement et sans que l’on tentât de lui imposer silence, provoqué à l’émeute les révolutionnaires. Il les avait conviés à se rencontrer à jour et heure fixe sur la place du Château-d’Eau. Les forces de police étaient nombreuses (…) M. Goulier, commissaire de police du quartier Sainte-Marguerite, a été assailli, ayant avec lui deux agents seulement, par deux cents terrassiers ; il serait mort certainement sans l’héroïsme d’un jeune soldat que seconda une poignée de courageux citoyens. M. Goulier venait de déjeuner chez lui, lorsqu’il rencontra, rue des Boulets, une bande qui portait un drapeau rouge ; bravement, il voulut s’emparer de l’emblème séditieux ; on le renversa d’un formidable coup de canne plombée ; on le piétina férocement et il allait mourir lorsque le jeune Huguet, caporal au 129e de ligne, s’élança sur lui au péril de ses jours et, avec l’aide du gardien Wolff, parvint à le mettre en sûreté. »
C’est cette scène qui illustre la première page du Petit Journal. On y voit trois bâtons en action et la fameuse canne plombée.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci