L’emploi de bâtons pour délimiter un espace et pour soutenir une plante cultivée est certainement très ancien. Sur de nombreuses peintures de l’Antiquité on voit des clôtures faites de simples bâtons verticaux et horizontaux, suffisants pour empêcher les troupeaux de paître chez le voisin.
Faisons un petit tour (incomplet) des mots employés dans ce domaine.
Il y a d’abord le PALIS. On le définit comme un petit pieu pointu à un bout. Lorsque plusieurs palis sont enfoncés les uns à côté des autres, ils forment une clôture, une « palissade ». Le mot palis dérive de « pel », qui veut dire « pieu ».
Le PALISSAGE d’une vigne ou d’arbres fruitiers consiste à les soutenir en dirigeant leur croissance le long d’un mur à l’aide de bâtons, de joncs, joints les uns aux autres avec des bâtons horizontaux ou en croix.
Le PIEU est synonyme de PIQUET.
Le TUTEUR est un bâton plus ou moins haut qui sert à soutenir les arbres fruitiers au début de leur croissance, ou à favoriser la pousse en hauteur des végétaux grimpants ou à tige cassante. On place des tuteurs au pied des tomates, des dahlias. En somme, le tuteur est un…bâton de jeunesse.
Pour la culture du houblon, dont les tiges spiralées montent jusqu’à 10 mètres, on parle de PERCHE. La « Maison rustique du XIXe siècle ou encyclopédie d’agriculture pratique » (1837) indique que ces perches mesurent 10, 12, parfois 15 à 18 pieds au maximum (soit 3, 20 m à 5, 80 m). Elles se faisaient en bouleau, frêne, peuplier mais les meilleures étaient en châtaignier. Avant de les planter, on les épointait à un bout et on les brûlait ou les goudronnait sur 90 cm, pour qu’elles ne pourrissent pas. A raison de 3 perches par plant de houblon espacées de 6 pieds, on atteignait 15 000 perches par hectare. Les paysages de l’est et du nord de la France en étaient très caractéristiques.
Lorsque le bâton se subdivise pour faciliter l’accroche des tiges de plantes grimpantes, comme les pois et les haricots, on dit RAME (à rapprocher de « rameau »).
Pour soutenir les ceps de vigne, les bâtons prennent le nom d’ECHALAS. Dans diverses régions, jusqu’au début du XXe siècle, on disait aussi CHARNIERS ou PAISSEAUX. L’agronome Olivier de Serres (1539-1619), écrit, en parlant des vignes : « On les supporte avec paisseaux, eschallats, charniers, diversement nommés selon les endroits ». En Berry, le mot « charnier » prend la forme de « charasson », « charisson » et en Picardie de « écarrat ». Charnier et échalas dériveraient du même mot latin « carratium », qui signifie « pieu ».
Nous possédons un petit livre intitulé « Recueil des usages locaux du canton de Noyant (Maine-et-Loire) » (1914) où il est écrit, à l’article « Echalas ou paisseaux » que : « Les matériaux généralement employés pour la confection des paisseaux ou échalas des vignes sont : le bois de sapin, le bois de chêne, le bois de châtaignier ou le bois d’acacia. » Mais en 1762, Louis Liger, dans « La Nouvelle Maison rustique ou économie générale de tous les biens de la campagne », préconisait les échalas en chêne, issu du quartier ou du coeur de l’arbre, assurés de se conserver plus de vingt ans.
Article proposé par Laurent Bastard. Merci