Au XIXe siècle, certains auteurs étudiaient les coutumes de la Bretagne et estimaient que certaines d’entre elles remontaient à l’Antiquité sans discontinuer. Il en aurait été ainsi du bâton des Bretons, le fameux pen-bas, peun-baz ou pen-baz (voir l’article : Le peunbaz et le bâton du tad-koz).

Un premier auteur, D. MIORCEC de KERDANET établit ce rapprochement en 1818, dans son livre au titre interminable : « Notices chronologiques sur les théologiens, jurisconsultes, philosophes, artistes, littérateurs, prêtres, bardes, troubadours et historiens de la Bretagne », p. 430-431 (sur Google.livres) :

 » Une tradition constante parmi les Bretons est qu’à la guerre les Gaulois, leurs ancêtres, armés de massues pesantes (appelées m… ou batharas), n’étaient jamais plus redoutables que lorsque, fondant sur leurs ennemis, ils mêlaient à leurs cris affreux cette expression vraiment barbare : torr-é-ben. De là sans doute cet adage ancien et remarquable que l’on met dans la bouche de César : quam terribilis sunt britones quando dicunt torr-e-ben !, « Que les bretons sont formidables quand ils disent : « tombe dessus ! casse-lui la tête ! ».

Les Bretons de nos jours, armés, ainsi que les gaulois, d’une massue qu’ils nomment pen-baz, sortent rarement sans cet instrument de combat, qu’ils manient avec une singulière dextérité, et dans lequel ils introduisent quelquefois du plomb, pour s’en servir avec plus d’avantage. Dans les rixes qui éclatent entre eux, ils se portent assez ordinairement des coups sur la tête, qu’ils passent pour avoir d’une dureté extrême. »

Le sujet a été développé en 1828 par P. ATHANAS dans « Le Lycée armoricain, volume 11″, p. 48, 53-54, dans l’article « Du Matarh, arme gauloise » :

« Les Gaulois devaient se servir de cette arme, en tenant la hampe avec les deux mains, à la manière dont les bâtonnistes emploient le bâton, en frappant d’estoc et de taille. Dans le premier cas, ils lancent à leur ennemi, dans la poitrine et dans le bas-ventre, ce qu’ils appellent des « coups de baz » : ce sont les plus à craindre ; dans l’autre, ils s’en servent comme de massue. Le bâton est extrêmement redoutable, lorsqu’il est entre les mains de gens habiles à s’en servir ; mais il devait l’être bien davantage lorsqu’il était chargé, par le bout, d’un instrument tranchant ou contondant.

L’escrime du bâton est trop perfectionnée pour qu’originairement elle n’ait été appliquée à une arme guerrière. La longueur même du bâton est fixée à la hauteur de l’aisselle, pour chaque homme, parce qu’on a reconnu que c’était la plus favorable pour combattre.

Le grand nombre de ces armes qu’on a trouvées dans les Gaules, prouve que leur usage y devait être très étendu. Je crois que c’est le MATARH dont nous parlent les auteurs (…).

Je crois que mon opinion est suffisamment prouvée mais je puis encore la confirmer par l’étymologie du mot Matarh, dans la langue celtique. Mat, en breton armoricain, signifie bon ; et Taz (…) veut dire violent, avec éclat, fracture (…) ; ainsi Matarh signifie littéralement « bon pour faire fracture, pour briser ; bon assommoir », dans le sens où nous disons encore un bon coup de poing, un bon coup de bâton.

Les Bretons portent toujours un bâton terminé par une espèce de massue. C’est leur arme favorite. Dans notre département, ils l’appellent Maroutte, mais dans la Basse-Bretagne, on l’appelle Battaraz. Le B est ici pour M, substitution qui est très commune dans cette langue. »

L’illustration est un détail d’une gravure d’A. Grévin parue en une du « Journal amusant » (n° 410, 7 novembre 1863), consacrée au « nouveau Brest ». Le Breton guilleret tient en main son redoutable « battaraz » ou pen-baz.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci