i notre époque passe pour violente, elle ne l’était pas moins aux siècles passés. En voici un exemple parmi d’autres, et il concerne un enfant.
Dans Le Magasin pittoresque d’août 1839 figure un article sur les « Mémoires de William Hutton ». Il s’agissait d’un libraire de Birmingham, né en 1723 à Derby et mort en 1815, qui laissa des Mémoires manuscrits que sa fille publia en 1816.
William Hutton était le fils d’un cardeur très pauvre, qui passait presque toutes ses soirées à la taverne et avait placé ses enfants ici et là, ne pouvant les élever ; ils revinrent au foyer un peu plus tard. W. Hutton raconte son enfance malheureuse, faite de privations, d’absence totale d’amour et de brutalités.
Deux épisodes concernent l’usage de la canne comme instrument punitif :
« J’avais quatre ans et demi. On commença à m’employer à faire des commissions. Un jour, ma sœur aînée me mit ma veste neuve, mon chapeau à bords retroussés, et me donna une petite canne à la main ; elle me conduisit dans ce costume chez la laitière de l’autre côté du pont pour me montrer le chemin. La fille de la laitière, par forme de plaisanterie, m’ôta mon chapeau et le jeta à terre. Je trouvai cela fort mauvais et lui portai un coup de ma canne ; elle devint très sérieuse, et me rendit brutalement mon chapeau en disant : Je crois que le petit coquin m’a frappée. Depuis lors elle m’appelait toujours « monsieur le plaisant. »
Plus tard, alors qu’il était âgé de 9 ans et travaillait depuis l’âge de six ans dans une fabrique de soierie, lorsqu’il fut blessé à la main. Son père n’en eut aucune compassion, bien au contraire :
« Un jour, il s’en fallut de peu qu’une roue de la manufacture ne m’emportât tout le poignet droit. Mon père, en me voyant revenir la main déchirée et sanglante, entra dans une violente colère, et prenant sa canne il me la brisa sur le dos. Hélas ! j’étais déjà habitué aux coups ; ce fut à peine si je jetai un seul cri ; je me rappelle même que tout en souffrant je réfléchis que mon père serait ensuite désolé d’avoir brisé sa canne, et j’en ramassai les morceaux un à un dans l’intention de les réunir s’il était possible. »
Autre temps, autres mœurs…
Article rédigé par Laurent Bastard, merci