Les châtiments du temps passé révèlent tout le raffinement dans la cruauté dont l’homme est capable. C’est ainsi que le « Journal des voyages » n° 118 du dimanche 5 mars 1899, Paul d’ESTREE nous apprend qu’il existait à Weltevreden, banlieue de Batavia (Indonésie), un Musée des tortures fondé par la Société des Arts et des Sciences, au temps où l’île était sous domination hollandaise (du XVIIe siècle jusqu’en 1950). Voici ce qu’on y lit :
« Les pièces les plus originales du musée de Weltevreden consistent surtout dans une collection d’instruments de supplice aussi variés que nombreux. De toutes les peines imaginées par l’ingéniosité javanaise pour terrifier et torturer les condamnés à mort. (…)
« Les chrétiens, comme les idolâtres, tenaillaient, mutilaient, écartelaient même leurs victimes. Le musée de Batavia ne laisse aucun doute à cet égard (…). D’ailleurs, l’histoire avait depuis longtemps appuyé d’indiscutables témoignages ces sanglants souvenirs de la domination hollandaise. Nous nous contenterons d’un seul document, presque ignoré aujourd’hui, pour prouver jusqu’à quel point les mœurs mêmes de la société de Batavia avaient subi cette abominable imprégnation.
Nous lisons en effet, dans le « Voyage de Nicolas de Graaf aux Indes », vers la fin du XVIIe siècle, cette étude sur le féminisme à Batavia :
« Les Hollandaises-Indiennes sont nées dans les Indes d’un père et d’une mère hollandais : on les appelle ordinairement les enfants « Lillets » : la plupart de celles-ci ont, à ce qu’on dit, le « timbre un peu fêlé »…
Ces femmes se font servir nuit et jour par leurs esclaves de l’un ou l’autre sexe, qui doivent avoir toujours les yeux respectueusement sur elles, et deviner presque au moindre petit clin d’œil ce que Madame souhaite : car elles n’ont garde de prendre, elles-mêmes, quoi que ce soit, fût-ce tout près d’elle, et, comme on dit, sous leur nez.
« Si leurs esclaves se méprennent tant soit peu, on les fait attacher à un poteau pour le moindre sujet, et on les fait tellement fouetter à coups de cannes fendues sur la peau nue, que le sang en coule et que leur corps en est tout déchiré ; et, afin que cette chair ainsi mortifiée ne vienne pas à se pourrir, on l’arrose avec du sel et du poivre mêlés dans la saumure. »
L’illustration représente la scène de la punition avec des cannes fendues et l’arrosage des blessures avec de la saumure.
On rapprochera cette pratique de celle décrite par Ferdinand OSSENDOWSKI dans « L’homme et le mystère en Asie », qui évoque des baguettes d’osier trempées dans de l’eau salée pour châtier les évadés des prisons de Sakhaline (voir l’article : Le châtiment des baguettes d’osier à Sakhaline).
Article rédigé par Laurent Bastard, merci