Nous avons déjà évoqué les rapprochements qui ont été établis jadis entre le serpent et le bâton, aussi bien dans la mythologie grecque (Esculape et Hermès et leur bâton autour duquel s’entortille un ou deux serpents) ou le récit biblique d’Aaron jetant un bâton au pied du pharaon, qui se transforme en serpent.
Sans qu’il y ait apparemment de relation entre ces épisodes et ce qui suit, on remarquera l’emploi dans les cérémonies chrétiennes de 1720, de baguettes où étaient entortillés trois bougies comme des serpents. Cette baguette à trois bougies servait à allumer les cierges de l’autel et le cierge pascal. De nos jours (nous semble-t-il), les cierges sont allumés sans formalisme particulier, sauf le cierge pascal, à partir d’un autre cierge plus petit, mais droit. Un cierge triangulaire est cependant utilisé pour la procession du Samedi Saint et symbolise la Sainte Trinité.
Le texte suivant est consultable en ligne via Google livres. Il est extrait de : Dom Claude de VERT : « Explication simple, littérale et historique des cérémonies de la messe » ; tome second (1720), p. 132-133.
« CIERGE DIVISE EN TROIS BRANCHES. C’était ordinairement une bougie, attachée à une longue baguette, autour de laquelle elle tournait, comme celles qui servent encore tous les jours à allumer les cierges de l’autel ; ce qui, aux termes des anciens Cérémoniaux, s’appelait « mettre la bougie en forme de serpent » (in modum serpentis, ou colubri), ce sont les propres termes de plusieurs Cérémoniaux, c’est-à-dire la faire serpenter autour de la baguette ; et qui, bonnement pris en effet pour un serpent, a depuis été occasion à quelques Eglises de donner à cette bougie, et même au bâton qu’elle environnait, la forme et la figure d’un véritable serpent.
A Cambrai, le luminaire qui sert à allumer le Cierge Pascal, entoure encore une baguette rouge. A Saint-Pierre-le-Vif de Sens, c’était un bâton d’argent, et la bougie qui tournait autour s’appelait tortis ou tortil. A Coutances, c’est une perche autour de laquelle est entortillé un dragon (…)
On met au bout du bâton, dit le Pontifical de Poitiers, et aussi le Missel d’Arles, « un cierge disposé en forme de serpent ».
Le sous-diacre porte au bout d’un bâton, tourné en façon de serpent, trois cierges qui ont été allumés du feu nouveau, dit le Pontifical de Durand, accommodé aux usages de l’Eglise de Comminges (…). En l’Eglise de Bayeux tout était formé et façonné en serpent, les cierges et le bâton (…).
Le cierge triangulaire d’aujourd’hui, composé de trois petits cierges entortillés ensemble jusqu’à une certaine hauteur, où ils viennent se partager, pourrait bien n’être en effet autre chose que ces cierges tors et entrelacés les uns dans les autres, dont parle ce Pontifical. »
Article rédigé par Laurent Bastard, merci