Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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DES ATHLETES PERSANS AVEC DES MASSUES

Poursuivant notre exploration des magazines du XIXe siècle, nous avons découvert un curieux jeu avec de gros bâtons, ou même des massues, dans le « Musée des familles » de novembre 1836, p. 52. L’auteur du texte est une Anglaise nommée Mistriss MARRYET et elle rapporte la relation d’un voyage effectué par l’un de ses compatriotes en Perse, à la suite d’une vilaine rixe. Intitulé « Je voulais être médecin », ce récit est-il authentique, emprunte-t-il des éléments véridiques à d’autres relations de voyage ? On ne saurait le dire, mais s’y trouve bel et bien la description d’un curieux spectacle. Il ne s’agit pas d’un jeu d’opposition mais plutôt d’une sorte de danse et de jeu d’adresse.

« Le spectacle auquel nous fûmes conviés le capitaine et moi consistait en luttes d’athlètes. (…) Les lieux où ils s’exercent sont de grandes salles carrées, creusées à six pieds de profondeur, ayant autour et au niveau du plain pied des galeries que l’on nomme zourkoua pour les spectateurs. Ces espèces d’arènes ont environ trente pieds de longueur et autant de large, c’est-à-dire cent vingt de tour ; le fond et les côtés sont recouverts de terre calcaire bien battue, parfaitement unie et lissée. Il y en a qui sont matelassées tout autour et dont les planchers sont recouverts de ketchès épais, mais fortement attachés et bien tendus pour que l’on ne puisse pas s’y accrocher.

Aussitôt que les athlètes y sont appelés, ils sautent dedans avec une légéreté dont on ne les croirait pas capables quand on ne les a vus que dans les rues. Quelques-uns sautent sur une seule jambe et restent ainsi quelques instants en équilibre, quoique la chute soit de plus de six pieds de haut. Ils sont nus et n’ont qu’un simple demi-caleçon de cuir fortement attaché sur les hanches et qui ne descend que jusqu’au milieu des cuisses.

Ils entrent ordinairement une vingtaine à la fois dans l’arène et commencent leurs exercices par une danse où ils font toutes sortes de contorsions, prenant mille postures difficiles, semblables à celles où ils pourront se trouver pendant la lutte, dont cette pantomime semble n’être que le prélude. (…)

Les lutteurs font une courte pause et reparaissent bientôt portant dans chaque main une énorme pièce de bois de chêne, faite en forme de poire allongée, qui a près de trois pieds de longueur y compris le manche, et dont le gros bout a souvent plus de quinze pouces de diamètre. Ils les manient et les font passer en tout sens l’une après l’autre sur leurs têtes, les enlevant toujours d’une manière différente et toujours sans balancement ni élan. A de certains points d’orgue marqués par la musique, ils restent sur une jambe, les bras étendus en croix, et soutiennent pendant quelques secondes ces deux énormes massues avec une force incroyable. Cet exercice dure quelquefois plus de deux heures, pendant lesquelles ils prennent des pièces de plus en plus pesantes ; les dernières, qui sont rarement soulevées, pèsent plus de soixante livres et sont beaucoup plus difficiles à supporter qu’un fusil d’infanterie par le bout de la baïonnette.

Le kaïmakhan m’assura que ces exercices étaient de la plus haute antiquité en Perse, et qu’ils avaient été inventés pour délier les bras de jeunes gens et les accoutumer de bonne heure à manier des armes lourdes.

L’athlète qui a manié les plus grosses pièces de bois et qui reste le dernier dans l’arène est le vainqueur de ce fatigant exercice et reçoit les compliments et les présents de toutes les personnes qui assistent à ce spectacle. »

Le récit se poursuit avec l’arrivée des lutteurs, qui doivent renverser leur adversaire sur le dos.

L’illustration est celle de la gravure accompagnant le récit du Musée des Familles de novembre 1836.

Très intéressante trouvaille de Laurent Bastard, merci :)

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3 Comments to “DES ATHLETES PERSANS AVEC DES MASSUES”

  1. brix pivard dit :

    Les massues dont se servent ces athlètes sont bien connues et toujours en usage. Il est possible d’en trouver en Iran et surtout en Inde ou elles sont utilisées par les lutteurs professionnels. Ces massues qui se nomment « clubell  » peuvent peser jusqu’à plus de 20 Kg. Elles remplacent lors des entraînements les haltères utilisés en occident. Les clubells comme les girya ou  » kettelbells  » en usage dans les pays slaves sont des outils très rudimentaires, archaïques, mais très efficace pour développer la force et la résistance physique.

  2. brix pivard dit :

    Les massues dont se servent ces athlètes sont bien connues et toujours en usage. Il est possible d’en trouver en Iran et surtout en Inde ou elles sont utilisées par les lutteurs professionnels. Ces massues qui se nomment « clubbell » peuvent peser jusqu’à plus de 20 Kg. Elles remplacent lors des entraînements les haltères utilisés en occident. Les « clubbells » comme les giryas ou « kettlebells » en usage dans les pays slaves sont des outils très rudimentaires, archaïques, mais très efficace pour développer la force et la résistance physique.

  3. [...] l’article Des athlètes persans avec des massues, nous avions signalé l’usage très curieux des massues par les Perses, dans les années [...]

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