Xavier de Montépin (1823-1902) fut un auteur prolifique au XIXe siècle, surtout connu aujourd’hui pour sa « Porteuse de pain » (1884-1887).
Dans son roman « La Gitane », paru en feuilleton en 1860 dans le « Journal pour tous », au chapitre IX, est évoqué un épisode survenu vers 1810, où il est question d’une défense par le bâton.
Le navire de commerce français « Le Marsouin » a achevé son chargement au port espagnol de Cadix et son capitaine attend les vents favorables pour repartir.
Il envoie quatre matelots chercher du jambon et du vin. Ayant accosté leur chaloupe, ils remarquent un jeune berger et son troupeau de chèvres.
Un jeune matelot reste à garder la chaloupe. Ses camarades reviennent y déposer les vivres et repartent boire à une taverne proche. Surviennent alors des contrebandiers qui veulent s’emparer des provisions et le matelot est vite terrassé. Un bandit lève son poignard…
« A peine cette lutte inégale venait-elle de s’engager, que le jeune pâtre, armé d’un bâton court et noueux, bondissait sur les agresseurs avec la souplesse et la foudroyante impétuosité d’un jaguar.
Il frappa de sa massue improvisée le bandit au long couteau, et le renversa sans connaissance sur le sable ; puis, décrivant un moulinet terrible et rapide, il fit reculer les deux autres gredins, qui ne se souciaient que médiocrement d’avoir la tête fendue ou les bras croisés. »
Le tumulte provoque le retour des autres matelots mais aussi l’irruption d’une dizaine d’Espagnols menaçants. Les Français se hâte d’embarquer mais le plus jeune intervient : « – Nous sommes des lâches !… répondit le jeune homme ; nous abandonnons à la vengeance de ces misérables ce courageux garçon qui m’a sauvé !… qui nous a sauvés tous !… »
Et il désignait le pâtre, debout, immobile, appuyé sur son bâton noueux (… ) ». Finalement, il l’entraîne dans la chaloupe et le sauve d’une mort certaine.
L’épisode a été publié dans le n° 299 du « Journal pour tous », daté du 11 août 1860, d’où est extraite l’illustration.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci 