Les hommes politiques savent user de leurs vêtements, d’accessoires, de leur taille, pour être identifiés de la population. Cela fait le bonheur des caricaturistes, depuis la petite taille de Thiers jusqu’à la grande taille de De Gaulle, mais aussi la cravate blanche de Laval, le cigare de Churchill, le chapeau noir de Mitterrand.
Certains accessoires deviennent en certaines circonstances des éléments de propagande, surtout lorsqu’ils sont déjà porteurs d’une forte charge symbolique. Ainsi, le régime de Vichy a beaucoup exploité les attributs du maréchal PETAIN : sa canne et son bâton de maréchal. La première évoquait son grand âge et la sagesse supposée des vieillards, censés rassurer la population, tandis que le bâton de maréchal qui lui avait été décerné en 1918, rappelait son passé de chef militaire durant la Grande Guerre.
Ces deux attributs conciliaient des contraires : la faiblesse et la sagesse d’un côté, la force et le courage de l’autre. La propagande en usa abondamment, par voie d’affiches et de photos.
La première, extraite du magazine « Le Crapouillot » de 1948, montre le maréchal Pétain prenant un bain de foule, au cours duquel il tend sa canne à des enfants. Le magazine légende ironiquement : « Quand la jeunesse touchait avec ferveur son bâton de vieillesse… ».
La seconde est un détail d’une affiche de propagande incitant les Français à travailler aux champs et à l’atelier, sous l’autorité de leur chef et de son bâton de maréchal transformé en francisque. On en connaît une autre de 1941, de Pérot, sur fond bleu, où l’on voit le bâton étoilé posé sur une enclume. Le message est le même et joue sur le double sens du mot maréchal (de France) et maréchal (ferrant).
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci