Le peintre impressionniste Henri Gaston DARIEN (1864-1926) est l’auteur d’un tableau intitulé « Un Personnage ». On y voit un suisse d’église assis sur une chaise, revêtu de son costume de cérémonie, baudrier au côté, bicorne à plumet sur la tête. Il a posé sa canne à gros pommeau sur ses jambes, pendant qu’un enfant brosse son habit.

A l’arrière-plan, dans un coin de la pièce, est posée une hallebarde, autre attribut de sa fonction. Le décor est modeste : nous sommes dans l’habitation d’un paysan, d’un artisan ou d’un pêcheur. La grande cheminée supporte des bouteilles et des bougeoirs. Un verre est posé sur la table. La paire de sabots emplis de paille que chaussait auparavant le suisse a fait place à des souliers de ville. L’homme s’apprête à se rendre à l’église.

Le peintre, par le titre de son oeuvre (« Un personnage ») nous fait comprendre que l’humble homme du peuple a le sentiment d’être devenu quelqu’un d’important par le seul fait de sa tenue et de sa canne. Le contraste entre les sabots pleins de paille et le costume brodé est saisissant.

Henri Gaston DARIEN était un peintre impressionniste qui connut une certaine célébrité de son vivant, ce qui lui valut une médaille de bronze à l’Exposition universelle de 1900 puis la Légion d’honneur. Il a peint des scènes de la vie maritime (Le retour de pêche à Concarneau, Pêcheuse bretonne sur le rivage, Animation sur le quai), des scènes de genre (Le petit pêcheur de grenouilles, Jeune fille au métier à broder, Ramoneur assis dans une ruelle, La glaneuse), des natures mortes, etc. Mais beaucoup de ces oeuvres sont aujourd’hui conservées dans des collections privées.

L’illustration (hélas ! en noir et blanc) est issue de l’hebdomadaire « Le Monde illustré » n° 2376 du 11 octobre 1902.

Nous avons montré à travers plusieurs articles que les suisses et leur canne d’apparat ont été traités avec ironie par les écrivains et les artistes. On se reportera sur ce sujet à : Vaines cannes de suisse et de tambour-major, La canne du sacristain, La canne du suisse, par Gavarni.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci