Le vieux jeu de la panoye, attesté au Moyen Age, était particulièrement en vogue chez les Bretons. Il consiste à se placer devant son adversaire, pied contre pied, à saisir des deux mains, comme lui, un bâton placé entre eux et à le tirer vers soi jusqu’à ce que l’adversaire soit propulsé en avant. Nous l’avons évoqué dans les articles : Le jeu de la panoye ; Jeu de bâton breton ; http://www.crcb.org/le-combat-breton-au-baton-unique/.htmlet Deux jeux de bâtons médiévaux.
Ce jeu de force a connu une variante outre-Atlantique (ailleurs aussi, peut-être) et il était connu au début du XXe siècle. Cette fois, le bâton unique a été remplacé par deux bâtonnets qui servent de poignée aux joueurs. Les bâtonnets sont reliés par une corde solide.
Voici ce qu’en dit Claude ALBARET dans le n° 601 du « Journal des voyages » (7 juin 1908) :
« Les Américains ont perfectionné cet exercice, comme le montre la première de nos photographies sur le toit d’un des grands gymnases de New-York, – un toit transformé en une vaste terrasse, et où les élèves peuvent se livrer, à cent mètres au-dessus du pavé de la rue, aux sports les plus variés.
Les deux adversaires s’assoient sur une planche, en se faisant face, et semelles contre semelles. Ils tiennent chacun à pleines mains un bâtonnet attaché à l’extrémité d’une cordelette solide.
« Go ! » a prononcé le professeur.
C’est le signal. Raidissant les muscles de leurs bras et de leurs jambes, les adversaires s’efforcent de déranger mutuellement leur équilibre, et ce duel singulier ne va pas manquer d’incidents.
La tactique consiste pour un joueur à se renverser le plus possible en arrière, c’est-à-dire à obliger l’adversaire à suivre ce mouvement en se pliant en deux. Quand le menton de celui-ci s’abaisse jusqu’à toucher ses genoux (dans la position que montre précisément notre instantané), sa défaite est prochaine.
En un dernier effort, qu’il devra accomplir lentement, sans brusquerie, en mettant tous ses muscles à contribution, le vainqueur contraindra le vaincu à « perdre son assiette », à se soulever de la planche, et même à se dresser à demi.
Cependant, une ruse pourrait le sauver : s’il peut prendre en défaut la vigilance de son adversaire, il n’a qu’à faire une feinte, se laisser soulever sans résistance, et, calculant le moment le plus propice, se rejeter en arrière de tout son poids.
Nos jeunes lecteurs comprendront, d’ailleurs, que ce jeu peut se jouer de différentes façons. Il offre cet avantage appréciable qu’à l’encontre de tant de sports, il ne nécessite pas un outillage spécial, c’est-à-dire coûteux. »
L’auteur poursuit en décrivant la pratique d’un jeu voisin, collectif, sans bâtonnet, appelé « tug of war », le halage de guerre. Il se pratiquait en Angleterre, notamment chez les soldats et les marins. Il était très simple : chaque équipe tenait une longue et grosse corde et le but était d’attirer à soi l’équipe adverse.
Quelqu’un sait-il si le premier jeu est toujours pratiqué ? (en ce qui concerne le second, il l’est encore occasionnellement en France, lors de fêtes populaires).
Article rédigé par Laurent Bastard, merci