C’est à partir d’un épisode tragique survenu en hiver sur la plaine de Skyros, une île grecque en mer Egée, que serait né ce carnaval insolite. Yvonne de SIKE, dans son excellent livre « Fêtes et croyances populaires en Europe au fil des saisons » (Bordas, 1994, p. 100-101) nous le résume en introduction : « Pendant les trois semaines du carnaval, les ruelles escarpées de Skyros, île grecque de la mer Egée que l’on croirait directement sortie d’une antique légende, résonnent des chants et des bruits désordonnés des cloches et des sonnailles. Ce sont les « Geroi », les « Vieux » par euphémisme, ces personnages tenant à la fois du bouc et du berger, qui, ceints de cloches, munis de longs bâtons, frappent la terre avec vigueur et miment des danses entrecoupées de violentes secousses du corps, à la limite de l’extase. »

Y. de Syke rapporte qu’un mythe est à l’origine de cette irruption des Vieux dans le village. Un couple de bergers aurait un jour découvert son troupeau, mort sous la neige, au mois de mars. Pris de folie, ils seraient arrivés sur la place du village en dansant et se livrant à mille espiègleries. Les paysans comprirent ensuite les raisons de leur comportement en se rendant sur les lieux du désastre. « Depuis, ajoute-t-elle, on imite les deux vieux. Quelle belle allégorie de la lutte de l’hiver et du printemps ! ».

Les bâtons que tiennent ces « Vieux » sont des bâtons de berger à grande poignée courbe (dont on se servait pour attraper le mouton égaré et qui ont inspiré la crosse des évêques).

Les photos illustrant cet article sont issues des sites Travels in Greece / Skyros ; Adland Pro ; data.abuledu.org (costumes d’enfants au Carnaval de Skyros).

Article rédigé par Laurent Bastard, merci